sangrienta, que se vá cegando con eabezas humanas ; y que- brante en las manos del público asesino el puñal con que ame- naza y aniquila. Esto esperamos que alcanze el poder de la verdad. No mueve nuestra pluma odio de partido: nadie puede equivo- carse tanto que así lo crea: Rosas no es gefe de un partido; no representa principio alguno político; no se toma siquiera el trabajo de alucinar, haciendo creer que lo representa: su ya gastado estandarte de federación á ninguno engaña.* los que le combatimos no somos un partido, ni lo son tampoco las hordas de populacho que le sostienen: luchamos contra él como contra una calamidad universal: estamos ciertos—cier- to por nuestro reflexivo convencimiento—de que venceremos los soldados con que Rosas nos invadió: pero después de ven- cidos, aun hecha la paz entre los dos Estados, hablaríamos como ho)r hablamos; porque no es la agresión presente lo que combatimos:—es el sistema, es la maldad, el fraude, la sed de destrucción que le constituyen ; y contra ese sistema pedimos que se levante una Cruzada de civilización y de virtud, que aniquile y disperse los elementos de la barbarie, y del crimen. No confiamos, al pedirlo, en la fuerza de nuestras pa- labras; confiamos solo en el alto poder de la vekdad. LES ÉVÉNEMENS ni; RIO Bg LA, PLATA» u.nrs leur kjípport ~b AVKC KM ACWIti 1 H( im.i ks JSintcrvrntiott I^rttnon~»Stit/tttite, Traduil de 1' l ispa » -no] I) primo de' nostri doren si ó V amorr I | dt,|li> veritá. e la fede; in essa. ^ ^ ^ Sltvio Peímco. Doocr. degl Uomhú jraox'i »'. ve 3í»':«>. £iu->riuicrie Cu -Vulíonal.toruqu' on bíáme uans cet ócrit la conduito des Agentá Etrangets.dans le Rio de la Plata, il fáut en excepter ceux qui représentérent la Franco, dans sa question avcc Rosas, depmfi 1838 iusWá 1840. Ccs Agents, éclairés, probes, ct loyaux, donnérent á leur Gnuvcrnement des idóes justes do llosas ct u produire. IIOHIH I I NOK |VIT£IE...IES Jt»£STS ETHAMa il*.- UE tOJIllOIIOBK l'I'HVIS...». JU VIU, ORIBK.- ■ BHITI8H WCKET i r 1,1 OAZETTE 1 I II CASl'IIiK •»• "U .VOS AYBEI. Une aecusation trós grave pesera óterncllement sur la majeure partiedes Agents qui.depuis douzeans.ont representé les Nations Etrangéres dans le Rio de la Plata. II peuty en avoir, parmi eux, qui se rient aujourd'hui de cette aecusation quí com- promet leur honneur, leur capacité, leurs sentiments, parce que beaucoup d'entre eux ne sont pas étrangers aux passions sorties de la lutte ardente qui nous dévore, Peut-étre aussi quelques-uns des GovernementsEtrangers ne comprennent-ils pas encoré aujouroVhuila. conduite imprévo- yante ou culpable de leurs représentants ,parceque, sans autres organes que ceux-ci pour connaítre nos pays, ils regoivent naturellement des impressions fausses d'esprits faussés. Mais les passions se tairont enfin ; la voix de la vérité pénétrera puré dans les Cabinets ; alors tous, représentants et représentés, reconnaítront la gravité de cette aecusation. Expliquons-nous : II y a douze ans que Rosas a effrontément jeté le masque pour ótablir sur les bords de la Plata un systéme de gouverne- ment dont les bases sont l'ignorance ét le mensonge, dont Ies moyens ont toujours été la corruption, Poutrage, la spoliation et la mort, dont la fin est l'anéantissement éternel de tout germe de morale, de civilisation et de progrés, pour dominer sans frein le pays, comme son type, Francia dominait le Paraguay. Les éloges de ses salariés, et de ses parasites, le verbiage, vide de sens, au moyen duquel on a prétendu déguiser Pénor- 1- 2 - míté de ses crimes, n'ont jamáis pu éblouir aucun homme probé ou sensé. Les faits étouftaient les paroles. Tout établissement scientifique ou litteraire, tout asile de bienfaisance, cessa d'étre soutenu parle gouvernement: les pre- miers sont restés fermés depuis bien des années, et la charité privée soutient les autres. Le portrait de Rosas, regu aux por- tes des temples par des prétres revétus de leurs habitssa- cerdotaux, a cent fois été porté, au chant des cantiques, au milieu de la fumée de l'encens, á coté du Tabernacle. L' entrée de la maison du Signeur, la communion des fidéles, out été refusées á ceux qu'il qualifiait d'Unitaires : leur extermination a été pré- chée, du haut de la chaire de vérité, comme vertu évangélique, comme obligation du chrétien. Les confiscations en masse et la vente á vil prix des biens confisqués, ont été publiées offi- ciellement par la presse. Les immenses fortunes á la téte desquellcs se trouvérent bientót des hommes, pauvres la veille, hier encoré prolétaires, et la ruine subite de familles naguére opulentes et rangées, dennoncent d'une maniére aussi vraie qu' effrayante la corruption et la mutation violente de la propriété. Les tétes de citoyens inoffensifs et des plus respectables ont été promenées suspendues á des chars, ou ont été exposées en publicsur les étalesdes bouchers ; il y a plus encoré; on a dis- cuté officiellement avec un Amiral frangais, investi de hautes fonctions diplomatiques, pour décider si une de ees tétes, ainsi tranchée, était frangaise ou spagnole. Celle de Zelarayan, apportée des campagnes du Sud, a été exposée dans le salón de Rosas, en présence de sa famille, et Lucien Mancilla, beau- frére de celuici et revétu du titre de Général, a insulté M. Mandeville, Ministre Plénipotentiaire de la Grande Bretagne, en lui montrant lesoreillessalées du colonel Borda, envoyées de Tucuman par D. Manuel Oribe. Les Représentants de nations civilisées et chrétiennes ont été témoins de ees faits horribles : ils n'oseront pas le nier. Ces faits révélaient, avec une éloquence effrayante, un systéme de perversité et de crime, que rien ne peut excuser. Ces agents ont vu ce systéme dans toute sa diflormité ; ils ont parfaitement compris toutesa tendance ; ils se sont sentis saisis d'horreur á la penséc qu'un pareil gouvernement pourrait s'établir dans leur pays. Et cependant ils ont gardé le silence, et ils ont rendu honimage, ils ont entouré de leur respect, le fondateur, le sou- tien, le représentant incarné de l'exécrable systéme ! ! Aucune presse Européenne, aucune presse de l'Amérique du Nord, si fiére de sa liberté, n'a dénoncé au Monde ces crimes horribles, appuyée qu'elle aurait pu étre par l'autorité respec- table d'un Agent accrédité. Bien loin ae la, si quclques uns d'entre eux ont élevé la voix,ce n'a jamáis été qu'en faveur de I'homme et du systéme. Sir Woodbine Parish, le premier coupable de ce crime, a trompé fopimon et le jugement de son pays, en publiant un livre d'au- tant plus dangereux, que les mille faussetés qu'il renferme, et par ce qu'il dit, et par ce qu'il tait, sont déguisées sous un style modéré, sous l'apparence de l'impartialité et déla candeur (1) L'amiral Mackau, témoin des massacres du mois d'Octobre 1840, n'a pas craint de défendre avec chaleur, devant la nation fran- gaise, l'homme qui lui a jeté au visage, pendant qu'il négociait avec lui, la téte de Varangot; et Mr. Jean Henry Mandeville, Ministre Plénipotentiaire de la Grande Bretagne, autorise, s'il ne les dirige lui méme, les publications hebdomadaires du British Pocket, entreprise anglaise, qui outrage en anglais tous ses compatriotes, parcequ'ils ont demandé au commandant en che f des forces de leur souveraine la protection qu'il? ne peu- vent obtenir du droit des gens, sous le régime arbitraire d'hom- mes auxquelsle droit des gens est inconnu; en méme temps qu'il publie, appuie et loue la circulaire du 1er Avril, déjá jugée, par laquelle Oribe condamne les étrangers résidant á Montévidéo á la confiscation et á la mort. Voilá ce qu'ont fait les Agents Etrangers chaqué fois qu'ils ont élevé la voix. II faut bien que l'Europe avoue, non sans honte, qu'apré» avoir entretenu pendant vingt ans (2) des Agents Consulaires et Diplomatiques au prés des nouveax Etats de 1'Amérique, elle n'en a tiré aucun service, aucune utilité réelle, ni pour la politique des cabinets, ni pour la production, l'indus- trie ou le commerce des pays qui maintiennent ces agents. Sans comprendre—car jamáis ils n'ont pris la peine de les étudier—les causes de l'anarchie et des désordres dont ils étaient témoins, ils ont établi en principe qu'il est impossible de gouver- (1) Buenos Ayresand the Provinces of the Rio de la Plata, by Sir Woodbine Parish-London 1838. Ce livre a obtenu quelqve vogue en Angleterre : il ne la mérite pas. 11 renferme non seulement beaucoup de faits entiérement faux, mais encoré, beaucoup de fausses explicñtions de faits véritables. C'est, de plus, un livre de partí, dans lequel l'auteur a pris un tres grand soin de taire les noms despersonnes qui ont fait tout ce que lui méme trouve bon, noble, progressif et civilisateur, en méme temps qu'il repéte á chaqué instant le nom de Rosas et qu'il próne ses actes. Nous publierons unjour pour l'édijication de l*Angleter- re, une réfutation compléts de ce livre. Pour le moment nous nous bornerons á en citer quelques fragments. (2) La premiérepuissance européenne qui ait reconnu l'indé- pendance des nouveaux Etats, est l'Angleterre, qui le fit en 1823.- 4 - ner ees pays-ci sans leur imposer un despotisme de fer, auquel ils ont donné le titre pompeux de Gouvermmcnt f'ort: leur aveu- glement d'abord, plus tard leurs engagements personnels, les ont conduits á appuyer l'empire des Despotes, et a accréditer l'hor- rible systéme des facultés extraordinaires en lui gagnant les sympathies des Gouvernements Européens; et, lorsque l'aetion corrosive de ce systéme irresponsable et brutal a détruit le com- merec, anéanti la richesse, décimé Ies populations consommatri- ces, alors, méme alors, les Agents Etrangers ont trompé leurs Gouvernements et leurs pays, en expliquant faussement les cau- ses de ees tristes résultats, qui déjá éveillaient l'attention par les coups funestes qu'ils portaient aux centres manufacturiers de I'Europe. Cette assertion exige des preuves. Sans les chercher—car il ne la mérite pas—dans í'écrit que fit publier l'amiral Mackau par son aide-de-camp Page, dans la Jtevue des deux Mondes, non plus que dans le discours prononcé plus tard par l'amiral lui méme á la tribune des Pairs pour justifier le traité qui lui a valu l'éntrée de la Chambre Haute, nous les prendrons spécia- lement dans le livre de Sir Woodbine Parish. Et nous le preférons, non seulement parce que c'est Í'écrit le plus grave et le plus officiel qui ait été produit jusqu'á présent sur le Rio de la Plata par les Agents Diplomatiques, mais encoré parceque c'est le travail d'un anglais, entrepris pour l'Angleterre, dont le commerce avec ce pays est le plus riche et le plus étendu. Laissons parler M. Parish lui-méme. Selon lui, les im- portations anglaises (1) dans la Plata—leur valeur représentée en livres sterlings, et chaqué séried'années estimée á une moyen- ne armuelle (average)—ont suivi la progression suivante : De 1822 á J825 £909,330 paran. De 1829 á 1837 £643,291 id. id. Différence £ 266,039 chaqué année. Sir Woodbine Parish appelle les quatre années de la pre- miére période années de paix : elles ont été, effectivement, cel- les de la plus grande prospérité de Buenos Ayres, celles de son apogée politique, commercial et méme littéraire, sous les Gou- vernemensqui établirent le systéme Représentatif, proclamérent la tolérance en matiére de religión, fondérent les banques et les écoles publiques, consolidérent la dette nationale et, pour la rembourser, créerent le crédit public. ( \J Celles des auíres pays suivaient naturellement la meme progression. - • - Mais M. Parish n'établit aucune classifícation pour Ies neuf années qui composent la seconde période, comme s'il avait craint de déclarer publiquement que ees années de déficit et d'arriéré appartiennent toutes au Gouvernement Dictatorial et irrepon- sable de Rosas. Le résultat indubitable est que, pendant les années de la dictature, les importations ont été de prés d'un tiers moindres que pendant les années des Gouvernements d'ordre et de civilisation. Mais M. Parish a pris le plus grand soin de cacher la cause de cette différence, et de ne pas révéler á la nation anglaise le systéme du Gouvernement de Buenos Ayres á chacune des époques qu'il compare. De quoi servait cepen- dant aux fabricants et producteurs anglais la connaissance du í'ait, si on les laissait dans Y ignorance de la cause dont il était le résultat ? M. Parish reproduit plus loin un état comparatif des im- portations, sur nos marchés, d'étoffes de cotón, de fil, de laine et de soie, dans les proportions suivantes: De 1822 á 25 De 1834 á 37 moyenne annuelle moyenne annuelle en yardes en yardes Cotonnadcs 10,811,762 18,l5l,7tí4 Toüeries 996,467 1,176,941 Lainages 139.037 100,183 Soieries 16,612 15,047 L'auteur appelle l'attention sur l'augmentation presque double des tissus de cotón, sans comprendre, ou en ayant soin de cacher, que c'est une preuve tres éloquente de la décadence de Buenos Ayres, puisque, á mesure que l'introduction des tis- sus consommés par les gens pauvres s'accroit, les étoffes de laine et les soieries, objets réservés pour les familles aisées, diminuent considérablement pendant les années de la Dictature de Rosas. Ce fait est encoré plus remarquable, si l'on prend garde que dans la derniére des périodes comparées, la population de Buenos Ayres avait considérablement diminué; ainsi, une consommation plus grande d'étoffes de cotón par une population moindre, démontre clairement la marche rétrograde et la pau- vreté de la population qui reste. Le livre du Diplómate anglais nous révéle une autre vérité qui opprime la pensée et le cceur : c'est sans doute pour cela qu'il se borne á l'exprimer dans le froid langage des chif- fres. Nous voulons parler du commerce des armes et des mu- nitions de guerre. En 1830, lorsque Rosas, arrivant á peine au pouvoir, n'avait pas encoré pu développer son systéme d'exter- mination, la valeur des armes introduites d'Angleterre futde — £ l*8 En 1831 443 En 1832 345 En 1834 ello soleva á 3,035 En 1835 á 0,388 Ainsi, pendant que, sous le systéme meurticr de Rosas, la con- soramation des objcts qui révelent la richesse et les habitudes de civilisation des peuples,diminuaitd'une maniéredésespérante, on voyait s'augmenter, dans une horrible proportion, celle des instruments de guerre et destruction, que le protégé de Sir Woodbine Parish faisait répandre sur tout le territoire de la République, pour en décimer les populations. Ce fait, d'une éloquence si hideuse, n'a arraché á l'auteur ni une observation, ni une seule parole, et peut-étre n'en aurait-il pas fait mention, si les armes et les munitions de guerre ne devaient pas figurer dans un état général d'importations. Et qu'on ne dise pas qu'il ne pouvait descendre á de si minutieux détails, car ce fait intéressait bien autrement le gouvernement et la nation Britan- nique, Phunianité tout entiére, que le soin que prend Mr. Parish de nous raconter, de la maniére la plus minutieuse, de quels stratagémes il se servait peur détruire, dans sa maison, les four- mis, qui, malgré toutes ses précautions, mangeaint son sucre et ses confitures. Mais l'auteur Diplómate arrive á un point pour lequel il ne mérite ni pardon, ni excuse. II reconnait que pendant l'occupation de Montévidéo par les Portugaís et les Brésiliens, son commerce était extrémement insignifiant (page 350); que ce commerce s'accrut rapideraent depuis l'indépendance de la Bando Oriéntale; et que "Montévidéo est devenu comme une " espéce d'entrepot pour l'approvisionnement des Provinces " Argentines; á ce point, que les étoffes etrangéres ont atteint, " en 1830, le chifTre de 3,500,000 piastres fortes, tandis que les " exportations s'élevaient presque á la méme somme, et consti- •' tuent aujourd'hui une partie importante des retours, dans la " balance générale du commerce du Rio de la Plata." "Le montant des importations," ajoute Mr. Parish, " a diminué d'autant á Buenos Ayres." Voilá done les deux marchés de la Plata mis en opposi- tion ; voilá done déclarée, par un agent public de la Grande- Bretagne et par l'irrésistible langage de la statistique officiclle, la grande décadence du commerce de Buenos Ayres, depuis 18'29 et le progrés prodigieux de celui de Montévidéo pendant la meme période. Sir Woodbine Parish, obligé d'cxpliquer cet intéressant phénoméne aux producteurs et fabricants de son pa>rs, donne -7- pour toute raison l'indépendance de la Bande Oriéntale et la réduction des droits d'importation á Montévidéo ; raison, non seulement pauvre et défectueuse, mais encoré fausse dans son essence méme, puisque les droits á Montévidéo étaient les me- mes qu'á Buenos Ayres. Mas il ne dit pas un inot de la maniere dont sont gouvernés les deux pay dont il compare le commerce: il tait soigneusement que cette décadence du commerce de Bue- nos Ayres, commence en meme temps que le gouvernement irresponsable et sanguinaire de Rosas et coutinue avec lui, et que les progres de Montévidéo naissent et grandissent avec le systeme constitutionnel, responsable,parfaitement libre, franc et ouvert, qui régit le pays depuis son indépendance. . Voilá ce que n'a pas dit Mr. Parish, et c'était la seule chose qu'il fut dans Yobligation de faire connaitre au Peuple et au Gouvernement anglais, parce qu'une fois qu'il aurait révélé la cause de la décadence du marché de Buenos Ayres pour Pin- dustrie et les produits manufacturiers de la Grande Bretgane, ony aurait appliqué le remede avant que le mal arrivat, comme il est enfin arrivé, á son comble. Assez d'exemples. M'Parish n'a fait dans son livre que ce qu'on fait en général les Agents Etrangers, qui, á di verses époques, ont résidé dans le Rio de la Plata. Et c'est pour cela que leurs Gouvernementsetleurs pays son restés dans l'ignorance la plus compléte de ce qu'est réellernent le diabolique systeme de cette effrayante personnification, qui vient ocupér, au milieu du 19." siécle, la prendere place parmi les Tyrans dont les bio- graphies composent le Martyrologe des Peuples. Les cris de ses victimes, l'appel que tant de fois elles ont porté devant les na- tions civilisées et chretiennes, ont manqué d'autorité et ont été pris pour l'expression mesongere des haines de Partís, par le constraste qu'ils otfraient avec des livres comme ce lui de Sir Woodbine Parish, ou tout au moins, avec le silence approba- teur des Agents Etrangers. C'est la une vérité bien amére, une vérité reconnue et sentie par tous les hommes de bonne foi, qui ont parlé des crimes de Rosas, loin du théatre sur le quel il les commet. lis ont toujours été démentis, ¡en leur disant qu'aucun Agent Etranger ne résiderais aupres d'un pareil Governement, ou qu'il ne manquerait pas de découvrir de si énormes crimes. Aucun d'eux, en efTet, ne Ies a jamáis dénoncés. lis ont vu les faits, ils ont bien compris le systeme, ils l'on condamné avec dégout: mais tremblants ou fascinés ála vue de cet homme qui les remplissait d'horreur, il n'en est pas un seul qui ait osé, jusqu'a présent, déclarer ouvertement, en présence du criminel, une vérité dont sont tous pénétrés, qu'il est essentiel que le monde entier connaisse, et qu'ils auraient dú proclamer hautement et de la maniere la plus énergique.lisie devaient, et pour leur honneur et par l-obligatton que leur en faisait leur situation. Des causes fáciles á comprendre font des Etats de l'Amérique du Sud des pays d'immigration, destmés á se peu- pler et á s'enrichir, comme ceux de l'Amérique Septentrionale, par le concours des bras et des capitaux Européens, en meme temps qu'ils offrent des marches immenses á la consommation des produits de l'industrie transatlantique, et qu'ils envoient aux fabriques étrangercs les matieres premieres qu'elles doivent employer. De la l'immense différence dans la nature des re- lations politiques et diplomatiques des Etats Européens entre eux, et de celles de ees mémes Etats avec ceux de l'Amérique jadis Espagnole. L'immigration et le commerce forment la base de ees dernieres, sans que l'on puisse agiter avec nous ees questions d'équilibre, d'influence politique, de concurrence com- merciale ou manufacturiére, de rivalité de produits coloniaux, qui forment les bases des premiéres. Mais l'immigration et le commerce entrainent nécessai- rement l'accumulation d'une masse considérable de personnes et de capitaux étrangers, dont la conservaron et | le progrés exigent, comme condition premiére et indispensable, la tran- quilicé publique, Pinviolabilité des personnes et des pi-opriétés et une sage liberté, accordée au travail et á l'industrie. L'Eu- rope a le droit d'exiger ees conditions des Gouvernements Américains: mais aussi est elle dans lobligation de pro- téger, dans les nouveaux Etats, par l'appui de son influence civilisatrice, les Gouvernements qui se déclarent en faveurde la civilisation ct du progrés de ees pays. Tel est, et non la ménace et la forcé brutale mal appli- qu 'es, le seul moyen juste, moral et positivement efficace, de proteger les populations qu'elle envoie en Amérique. Et cependant, c'est toujours le contraire que l'on a fait jusqu a présent. Ees Gouvernements Européens ont exige, de ceux de nos Etats d'Amérique, qu'ils observassent envers les Etrangers les condition de paix et de respect aux personnes ct aux propriétés, en méme temps ¿qu'ils appuyaient de leur in- fluence, de tout leur pouvoir, des Gouvernements dont le sys- téme est la guerre habituelle, le renversement á main armée de tout droit reconnu, de tout principe civilisateur, la volonté individuelle sans frein, au lieu de l'autorité établie par laloi; et qui proclament comme Principe Américain la haine de PEtranger ct la pretentionde le soumettre á le méme régle dis- cretionnairc á laqucllc ils assujetissent leurs natiouaux. (I) 1 CctteJbusbcric du Principe Américain u'anullepartétc .ti bien regué, en Amiriquc, que dans l'Empiie du Brésil. Et -9 Et qui peut-on aecuser de si monstrueuses aberrations dans la politique et dans la conduite des cabinets Européens, sinon ¿eurs représentants dans ees pays éloignés ? Est-il admissible que Rosas et son systéme eussent obtenu, pendant si long-temps, Tappui, le respect, la lolérance des premiers Gouvernements de l'Europe, si la voix de leurs Agents á Buenos Ayres avait confir- mé ofiiciellement les horribles vérités que chacun, moins cux, proclamait ? Est-il croyable que des Gouvernements dont les sujets affluaient en si grand nombre dans ees pays, dont le com- merce recherche sans cesse des consommateurs, et de riches marchés, eussent toléré en silence un systéme qui les exclut d'un des marchés les plus opulents, si leurs Agents leur avaient dit: " La proscription et l'échafaud ont décimé la population naguére " consommatrice de Buenos Ayres: les confiscations ont réduit " a la misére ceux qui n'ont pas émigré : les frais extravagants " d'une guerre civile injustifiable et de deux guerres étran- " géres, provoquées intentionnellement par Rosas, ont détruit " la valeur du moyen circulant .• la dette intérieure qui, en 1827, " n'était que de 13 millions et demi de piastres, s'est élevée, " dix ans plus tard, á prés de trente six millions (2): la guerre lá, cependant, moihs quepartout ailleurs, devrait-elle étre admisp; car, de. tous les Etats Américains, le Brcsil est le seul qui ait avec l'Europe des relations defamille el de systéme politique , le seule quijouhse d'un régime constilutionnel libre, soliaement éla- bli hur le principe de l'ordre légal, principe diamétralement op- posé á celui des facultés extraordinaires, sans lesquelles Rosas a ofiiciellement declaré qu'ü ne pouvait pas gouverner. On s'est millefois demandé au Brésil—et dans la presse, et A la tribune nationale—Qu'est-ce que le Principe Américain que proclama liosas ? En quoi consistet il ? Quels éléments le constituent ? Quel est le résultat qu'il se propose ? Et personne n'a jamáis pu résoudre une seule de.ees questions ; chacun répéte le mot sans s'appercevoir qu'ü n'a pas de sens, que ce n'cst qu'un men onge consacré. Le Principe Américain de Rosas ful mis ú na dans les discours de ses Députés, lorsqu'ils s'occupérent de lamédiation Franco-Anglaise : Haine aux Européens, par cela seul qu'ils ne sont pas Américains—c'est l'instinct du sauvage qui cherche á détruire l'homme civilisé. Et le Brésil se trompe plus qu'au- cun autre pays dans ses sympathiet pour Rosas. L'intérét du moment—elenco» e est-il bien malcompris—Paveugle sur l'avenir, luifait méconnaitre des engagements contractcs,le separe de ses alliés naturels. Mais celui-lá vivra peu, qui ne verra pas détruite l' illus 'wn de PEmpire. (2) Voyez Sir Woodbine Parish. pages 384 á 386. Lesfonds, qui représentent la dette intérieure consolidée, s'élevaient á 2- io - " absorbe aujourd'hui tous les bras qui avant préparaient, ras- " scmblaient, conduisaient ct livraient a l'européen les produits " du paya: l'étranger n'est pas plus protégó par la loi que le " national lui méme, parce qu'aucune loi ne protége, lá ou la " volonté de celuiqui commande est laseule loi reconue: ce sys- " téme, (donnez-nous toute votre atention; cela le mérite bien) " ce systéme existe depuis quatorze. ans ; chaqué jour on nous " annonce que nous allons recueillir ses fruits—l'ordre et Iapaix-- " et chaqué jour en voit s'éloigner le ternie, parceque chaqué " nouvelle violence, chaqué confiscation, chaqué boucherie " nouvelle, augmente les haines et les vengeances : mettez fin " ú ce systéme, ó vous qui en avez le pouvoir V Oh ! il n'en faut pas douter : les Cabinets Européens auraient arrété depuis long-temps ce torrent déchainé de la bar- barie, si leurs Représentants leur avaient parlé ce langage. La preuve la plus convaincantc de cette vérité, est la résolution, derniérement et tardivement prise, par la France et par l'An- gleterre, de inettre un terme á cette guerre d'extermination et d'opprobre. Les énormi tés du systéme se sont accrues au point qu'il n'est pas possible d'en cacher la moindre partie au monde civilisé ; les intéréts individuéis, frappés de mort, ont trouvé de l'écho sur tous les marches, dans tous les centres de production, et les Cabinets ont enfin reconnu que ce que leurs Agents leurs représentaient comme les mensonges de l'esprit de parti, était la puré vérité. C'est alors qu'ils se sont décidés á mcttre fin á cette affreuse lutte. Et quelle est, méme dans cette circonstance, la conduite des Agents qui représentent ees deux Cabinets á Buenos Ayres? Leurs actes officiels sont lá pour qu'on les juge „• ce sont eux qui parlent ; qu'ils se gardent bien de diré que nous manquons á la vérité. lis offrent á Rosas la médiation collective des deux pre- miéres puissances de PEurope. II avait le droit de la refuser et pouvait le faire sans les offenser, avec réserve et dignités. Mais il aurait fallu, pour cela, imiter les Gouvernements civilisér et donner un démenti au systéme de la barbarie ; Rosas rejette done la médiation, par sa note du 18 Octobre 1842, document unique dans les annales de la Diplomatie, rédigé dans ce style de rage indécente dont se sert Rosas avec Ies coriphées de sa Mazorca; document dans lequel un des Gouvernements aux- qucls la médiation est offerte, et que les Pouvoirs médiateurs reconnaissent comme Gouvernement constitué, légal et ami, est 13,350,000 piastres en Septembve 1827: au commencement de 1837 ils arrivaitnt á 35,917,166 piastres; accroissement en 10 ans, 22,5573I6G piastres. -11 - traite par l'autre dans Ies termes et avec les épithétes dont se* cpmpose le vocabulaire de la populace de Buenos Ayres : docu- ment que tout Diplómate, par respect pour lui méme, aurait du rejeter comme une insulte grossiére, comme un outrage impar- donnable, et qui cependant a été aecueilli sans observation au- cune et bientót publié officiellement par Rosas, comme monu- inent de la plus insolente eflronterie de sa part, de la plus humble tolérance de celle des Diplomates qui l'ont recu. C'était trop peu, qu'une pareille insulte: Rosas voulait que son rejet de la médiation Alt aussi accompagné du mépris et de la menace: ceci était plus en harmonie avec le systéme. II remit la correspondance échangée entre lui et les Médiateurs á cette réunion d'hommes perdus, qu'il appelle Représentants de la Province, et qui naturellement approuvérent sa conduite, en lui votant des actions des graces. Pendant que ees Représentants vomissaient l'injurc et la menace contre les étrangers, dans des discours que Rosas pre- nait soin de publier ofliciellement, la populace de Buenos Ayres, ayant á sa tete les Agents de \a Pólice et les musiques des troupes de la garnison, parcourait les rúes de Buenos Ayres en poussant des cris de " Mort aux étrangers !" " mort aux amis de Rivera! " menagant les premiers et passant intentionnellement devant les maisons des ministres médiateurs (l). II était évident pour tout le monde que Rosas ordonnait et dirigeait lui méme ees insultes, ees menaces—formules ordi- naires des Gouvernements d'émeute et de crime :—les Pléni- potentiaires médiateurs le reconnurent et le déclarérent. Mr. Mandeville, dans la plainte qu'il en fit par sa note du 18 Novem- bre, dit: que les réunions de gens qui commettaient ees actes étaient accompagnées d'employés civdes et militaires ; que, " si " ees actes avaient seulement été le fait de la populace de la ville, " il n'aurait pas importuné le Gouvernement á ce sujet; muis " qu'ils avaient été autorisés par la présence (Vcmployés du Gou- " vernement, dont le devoir est d'arréter et de réprimer de pa- " reilles démonstrations populaires de vengance férocc contre des " étrangers inqffensifs. " Les mémes idées, quoiqu'en d'autres termes, sont exprimées par Mr. De-Lurde, dans sa note de la méme date. II n'était pas moins évident que les menaces et les insultes étaient dirigées spécialement contre les Ministres médiateurs. (1) Tous ees faits sont constates dans les notes de MM, De-Lurde et Mandeville, en date en 18 Novembre 1842. publiées officiellement dans la Gazette Mcrcantile du 15 Décembre. On trouve aussi dans cette feuille tous les documents rélatifs á cette honteuse négociation.-13- Le fait est prouvé par le soin que mettait la Pólice á pousser la populace vers les hótels des Légations; les Ministres eux-méme". l'ont ainsi reconnu. Mr. Mandeville diaait dans sa note : " oh " a vociféré des cris de mort contra les amis de Rivera, parmi " lesquels doivent étre comprises les Puissanccs médiatrices, " puisqulelles sont amies des deux parties. " II était done évident, officiellement reconnu, que la bien- veillanceí toujours honorable et d'une haute humanité, avec laquelle la France et l'Angieterre offraient leur médiation pour arréter le torrent de sang qui noie ees malhereux pays, avait été regué par Rosas comme un acte d'hostilité et qu'il y avait répondu par des insultes grossiéres et des menaces insolentes dirigées contre les Ministres chargésde cettemédiation, et contre les sujets des Nations qui l'offraient. Quelle révélation plus élo- quente veut-on de ce qu'est le systéme de Rosas? Quelle cir- constance plus opportune pour mettre un frein á ce chef insolent et lui enseigner comment on traite avec des hommes et des peuples civilsés? Mais non : les Agentes Francais et Anglais se contentérent d'adresser au ministre de Rosas une requéte á l'effet de réprimer á l'avenir des scénes si indignés ; tous deux eurent méme bien soin d'exprimer la confiance qu'ils plagaient dans la liante position et Tintégrité de Rosas et dans lesfranches et bienveillantes explications qu'ils en avaient regué dansd'autres circonstances. A Montévidéo, oú la liberté d'écrire est une vérité constitutionnelle, un de ees mémes Agents s'ótait plaint précédemment d'articles publiés dans le "National" contre la politique frangaise, et le Gouvernement, avait eu la coupable condescendance de retirer au journal par un décrét public, sa protection et son appui. A Buenos Ayres, au contraire, oú rien ne se meut sans la volonté du Dictateur, des employés civi- les et militaires se mettent á la téte de la populace et vont in- sulter et menacer á la porte méme de leurs maisons, les Pléni- potentiaires de la France et de l'Angieterre ; et pas une récla- mation contre ees employés, pas un mot pour faire chátier leur crime, pas la moindre satisfaction, méme verbale, n'est faite ou demandée par les hauts personnages auxquels est confiée dans la Plata l'honneur de deux grandes Nations. II y a plus encoré: ils reconnaissent officiellement que les insultes faites aux amis de Rivera sont des insultes faites contre eux mémes, parce que, come Mediateurs, ils étaient les amis de ce Magistrat; et ils regoivent, cependant, l'indécente note du 18 Octobre, dans laquelle Rivera et ses amis sont traités par Rosas dans des ter- mes á peine convenables pour des conversations de taverneü! Peu de temps aprés, fut livrée la désastreuse bataille de l'Arroyo Grande : les dangers de Montévidéo étaient évidents .• le devoir oíRcieldes deux Agents fut plus fort que leurs syrnpa- thies, et ils passérent la fameuse note du 16 Décembre, annon- - J3 - cant á Rosas que Ies Gouvernements Frangais et Anglais étaient résolus á terminer la guerra et exigeaient la cessation immédiate de toute hostilité, en méme temps qu'ils s'opposaient 4 ce que les Troupes Argentines passassent la frontiére. A cette doublc requéte Rosas répondit en traversant l'Uruguay et en assiégeant Montévidéo. Les auteurs de la fameuse note se turent, et loin d'opposer dés lors le moindre obstacle aux opérations du Dicta- teur, ils prirent le plus grand soin, sinon de favoriser ses projets, du moins de n'y mettre aucune entrave, sous le pretexte d'une neutralité impossible, inconvenante et essentiellement contraire á l'intimation du 16 Décembre. Ce fut dans ees circonstances critiques qu'arriva dans le Rio de la Plata le seul fonctionnaire public qui, jusqu' aujourd'- hui, fasse une honorable exception á la conduite de ceux que nous blámons. Le Commodore Purvis, sans y étre appelé par Mr. Mandeville—car il ne lui donna aucun avis offleiel de sa > note du 16 Décembre, qui pút lui faire croire que l'emploi de la forcé serait nécessaire—comprit qu'il y avait dans le Rio de la Plata des intéréts anglais á protéger, l'honneur anglais á sou- tenir, des devoirs de civilisation et d'humanité á remplir, et il se rendit spontanément du Rio de Janeiro á Montévidéo. Le Commodore Purvis était parfaitement étranger á la lutte et aux événements du Rio de la Plata. Résidant habituel- lement á Rio de Janeiro, oú il est aujourd'hui de mode d'exalter Rosas, il ne pouvait guére éprouver de sympathies qu'en faveur du Gouvernement dont il entendait constamment l'éloge. Mais il arrive á Montévidéo, voit les choses par lui méme, les examine avec une froide impartialité ; et sa raison, sa conscience, ses sentiments et son honneur, tout se réunit pour condamner le systéme d'un Tyran qui, dans son opinión, menace de détruire pour toujours, dans ees vastes et opulentes régions du Rio de la Plata, tous les éléments d'ordre, de tranquillité et de richesse, capables d'attirer á elles les étrangers de toutes les parties du Globe. Sans autre guide que la vérité, un jugement sain et un coeur pur, le Commodore Purvis comprit facilement la tendance du systéme de Rosas ; il comprit le motif et le but pour lesquels le Gouvernement de Sa Souveraine, avait résolu de mettre un terme á la lutte : mais il ne comprit pas, et nous croyons qu'il ne pourra jamáis comprendre, la Logique Diplumatique des auteurs de la note du 16 Décembre, qui, aprés avoir declaré que la France et l'Angieterre étaient résolues á ne pas rester ncu- tres, prétendent maintenant garder une stricte neutralité. Dans le conflit d'une contradiction si flagrante, le Com- modore Purvis adopta le sage parti de s'en teñir aux actes of- ficiels plutót qu'aux renseignements prives du Ministre de la Reine á Buenos Ayres. Ceux-ci n'exprimaient que les i dees-14- de Vindividu, tandis que ceux-Iá témoignaient des résolutions arrétées par le Gouvernement de la Grande Bretagne. Prenant pour point de départ Vacíe officiel du 16 Décembrc, le Commodore Purvis intima, le 17 Février, au Général Brown, commandant la flotille de Buenos Ayres, de s'abstenir, comme sujet britannique, de prendre part á la guerre, aux termes d'un acte du Parlement de la Grande Bretagne. Cette démarche n'était rien de plus qu'une conséquence naturelle de l'acte officiel du 16 Décembre ; et cependant, si nous en croyons des rapports d'une haute gravité, le Ministre de la Reine á Buenos Ayres l'aurait considérée avec indignationet s'en serait scandalisé ; et le British Packet, organe et défenseur du Ministre, et la Gazete Mercantile, écho salarié de Rosas, le cen- surent et le bláment en termes insultants et sauvages. Malgré tout, les arguments par les quels le Journal ungíais du Dictatcur prétend prouver que le Commodore a fait une fausse application de l'acte du Parlement et lui a donné un effet rétro- actif, se détruisent ú la simple lecture des premiers mots de la note du commandant anglais au Général Brown, et par l'appli- cation que l'ontpeut leur fairc d'une seule reflexión. Le Minis- tre de la Reine —unique organe de ¡S. M., accrédité á Buenos Ayres—venait de déclarér officiellement: que la volonté de sa Souveraine était que la guerre cessat et que Rosas ne commít pas de nouvelles hostilités. Le Commodore se dit alors: " puisque tels sont l'intérét et la volonté manifestés de la Reine, " tout sujet anglais qui prend part á cette guerre agit contre la " volonté et l'intérét de sa Souveraine ;" et il intima á Brown, sujet anglais, de n'y pas prendre part, exprimant formellement et clairement que le motif de cette prohibition était la décla- ration de la Reine faite par l'intermédiaire de son Ministre. Telle est la teneur, tel est le sens unique de la note du Commo- dore,et,pour oser nier Ja justesse de l'application de la loi anglaise, il faut aussi nier l'existence de la déclaration de la volonté de la Reine, faite le 10 Décembre; et, par malheur pour le British Packet et ses soutiens, nier est impossible. Ni Guise, ni Cochano, ni aucun des chefs de la marine anglaise, que cite le journal de Rosas, ni le Général Brown lui méme, ne se sont jamáis trouvés dans le cas oú ce dernier se trouve aujourdhui : aucun d'eux n'a servi contre les intéréts officiellement mani/estés, du Gouvernement de la Grande Bre- tagne ; on n'a done pu appliquer a aucun d'eux l'acte du Par- lement. Et nous demandons-non au British Packet, dont l'éditeur a abdiqué en faveur de Rosas la faculté de penser et de répon- dre-nous demandons au Général Brown lui-méme : si demain l'on recevait d'Angleterre l'ordre de rendre son intervention armée eftbctive dans la question de la Plata, si demain commen- tjaient les hostilités entre le pavillon anglais et le pavillon ar- gentin, pourriez-vous, Général Brown, servir sous celui-ci contre celui de votre patrie ? Si, ce que sincérement nous ne voulons pas croire pour l'honneur du vieux marin, si Brown servait ainsi, un commandant anglais ne pourrait-il pas le trai- ter comme pírate ? Nous somms convaincus que Brown nous répondrait qu'il ne servirait pas contre le pays qui l'avu naítre et que, s'il le faisait, il se rendrait coupable du dernier chati- ment. La Gazette méme le reconnait implicitement. Eh ! bien : les hostilités ne sont pas déclarées, et c'est pour cela que le Commodore Purvis n'a pas procédé de fait con- tre le Général Brown ; mais le Gouvernement anglais a déclaré que son intérét et sa volonté sont que la guerre cesse ; et le Commodore a signifié á Brown les exigences de la loi anglaise, á fin qu'il ne serve pas contre la volonté et l'intérét de sa sou- veraine. S'il y a erreur—on ne peut rien lui imputer de plus— dans la démarche du Commodore Purvis, la base de l'erreur est l'acte officiel du 16 Décembre. Le Commodore a déclaré en outre, d'aprés l'affirmation du British Packet et de la Gazette Mercantile, qu'il ne permet- trait aucune hostilité de la part de l'escadre de Brown contre la ville de Mentévidéo, parcequ'elle renferme d'ímmenses proprié- tés et un grand nombre de sujets Anglais, qui en souftriraient considérablement, et qu'il est de son devoir de protéger : les deux journaux appellent cela rompre la neutralité. En premier lieu, un mois ávant l'arrivée du Commodore Purvis dans le Rio de la Plata, cette déclaration avait été faite á Brown par les Commandants des Stations Frangaise et An- glai se, et par ordre des Ministres résidant á Buenos Ayres. La ville entiére de Montévidéo se rapelle parfaitement que, lorsqu' arriva la nouvelle de l'intimation du 16 Décembre, elle fut notifiée á Brown, qui répondit qu'il n'était pas venu pour hosti- liser la ville. Ce n'est done pas le Commodore Purvis qui, le premier, établit la prohibition. Elle existait á son arrivée ici ; etelle existait uniquement comme conséquence de Vacie officiel du 16 Décembre. Pourquoi la considérer aujurd bui comme une nouvelle mesure adoptée par le Commandant en chef des forces navales de la Grande Bretagne? Est-cc ládc la bonne foi! En sccond lieu, la flotille de Buenos Aires est commandée par un anglais: beaucop de ses capitaines sont anglais : des anglais composent la majeure partie de ses équipages efléctifs ; le commandant en chef des forces anglaises était done, envers son gouvernement, dans Pobligation d'empécher qu'une flotille ainsi composée commit des hostilités qui auraient compromis gravement Ies personnes et les propriétés anglaises. En troisiéme lieu, ceux qui argúent ainsi de neutralité-16- violée, oublient que le Ministre Anglais avait déclaré qffíciellc- ment, le 16 du mois de ZJécembre, que son Gouvernement ne voulait pas rester neutre : qu'il était résolu á mettre un terme á la lutte entre les deux Etats et qu'il exigeait Vimmédiate cessa- tion des hostilités. Cet acte officiel était l'unique base, legitime et súre, de la conduite du Commodore; conséquent á ce prin- cipe, il est évident qu'il ne rompait pas une neutralité que son gouvernement déclarait, par l'organe du Ministre, ne vouloir pas conserver, et qu'il empéchait une des hostilités que le Mi- nistre avait enjoint de faire cesser. Cette conduite, aux yeux de tout homine vraiment impartial, est conforme á la vérité, á la logique de la probité et du bon sens; peut-étre ne Test-elle pas á la logique tortueuse des Diplomates. Le rejet d'un blocus partiel, essayé par Rosas, est encoré un des actes que les partisants du Dictateur reprochent au Com- modore, bien que ce soit un des plus fáciles á justifier. Nous nous abstenons, pour le moment—par ce que nous ne les con- naissons pas á fond—de rechercher les autres raisons sur les- quelles il a pu se fonder pour s'opposer á cet act d'inutile hosti- lité. afin de ne nous arréter qu'á la premiére de toutes, á celle qui n'admet ni détours ni ambages — Vacíe officiel du 16 Dé- cembre. Eh ! quoi : le Commandant en chef des forces an- glaises, pourrait, aprés avoir vu cette intimation officielle, con- sentir áce qu'une escadre commandée et, presque toute,armée par des anglais, vint affamer une place oú des centaines d'an- glais ont leurs résidences et leurs affaires ? II y consentirait íorsqu'il est évident que cet acte d'hostilité, n'ayant pour but que d'empécher l'introduction des vivres frais, n'empirait en rien la condition militaire d'une place abondamment pourvue de toute auti 3 espece de vivrés ? Nous ne pouvons pas quitter ce sujet du blocus, sans ap- peler au tribunal de l'opinion publique la conduite des Ministres de France et d'Angleterre : et nous espérons qu'ils seront con- damnés avec plus de justice que le Commodore Purvis. Rosas avait defendu le 19 Mars l'introduction de vivres á Montévidéo, et confié au commandant de ses forces naval es Texécution de sa volonté. Les Plénipotentiaires Francais et Anglais présentérent alors á Rosas un mémorandum, ofFrant de ne pas étendre cette prohibition aux navires marchands vcnant de la haute mer, " á condition que les Consuls et les commandants des forces " navales devant Montévidéo, emploieraient tous les moyens •• en leur pouvoir pour empécher que les bátiments marchands " de ieurs nations respectivos s'employassent au cabotage pour " apporter des vivres ou des munitions dans la place." On ne croirait pas á une mesure si extraordinairejusqu'á présent inconnue dans les droits des gens, si on ne la voyait -lí- reproduite dans la note officielle du Ministre de Rosas au chef de ses forces de mer, á la datte du 29 Mars, dans laquelle il cite expréssément le memorándum des Plénipotentiaires. Ces Messieurs, qui préchent la plus stricte neutralité'. ofFrent á Rosas de faire observer le blocus, ou la prohibition de vivres, non par l'escadrille de Buenos Aires, á laquelle on dé- fend positiVement do géner l'entrée des navires marchands qui pourraient apporter des vivres, mais bien par les Consuls et les Commandants des stations neutres á qui on confie le soin d'em- pécher, par tous les moyens possibles, l'introduction, dans les bátiments de leurs nations respectives, des articles prohibés par Rosas !! Les Plénipotentiaires de France et d'Angleterre ont in- venté ce nouveau systcmé de blocus, précisément en faveur de Rosas, qui les insulte, qui les menace, qui rejette avec mé- pris les réclamations de leurs Gouvernement. lis évitent á l'escadre de Buenos Ayres le soin et, embarras d'empécher l'ar- rivée des vivres ; ils ótent au Gouvernement de Montévidéo tous les moyens de proteger les expéditions calculécs pour rom- prc le blocus, puisque, en empéchant le commerce des vivres par les neutres, il est clair que le Gouvernement ne pouvait pas exercer contre ceux-ci les hostilités dont il aurait usé contre les forces de Rosas, pour protegér ceux qui auraient cherché á trompér leur vigilance. Telle a été la conduite des Ministres signataires de la note du 16 Décembre, de ceux qui proclament la neutralité. Leur memorándum se fonde sur le désir d'éviter aux neutres les inconvénients de la visite des forces employées au blocus—Mais, si le blocus était legal, les neutres devaient se soumettre á tous ses inconvénients ; s'il ne l'était pas, le devoir des Plénipotentiaires les obligeait ú le rejeter en termes nets et précis. Mais reconnaitre ce blocus, et vouloir éviter ses incon- vénients, en le faisant exécuter par les neutres, c'était commet- tre contre le gouvernement de Montévidéo un acte d'hostilité mille fois moins pardonnable que celui qu'on aecuse le Commo- dore Purvis d'avoir commis contre Rosas. Soit qu'il parle ou qu'il se taise, Rosas ne peut jamáis diré la vérité. C'est la base de son systéme. C'cst ainsi que la Gazette et le British Packet, qui ont rempli tant de eolonnes pour censurer la conduite du Commodore Purvis, ont pris grand soin de ne jamáis parler de la note du 16 Décembre,du Ministre Mandeville. (1) Ce document officiel est le point de départ, la (1) Cela était écrit avant que le British Packet ne se fút oceupé de cette note. La maniére dont il Va fait n'a rien chgaé á la nature de la question. 3-18- base, la défense, la justificaron du Commandant en Chef des forces Britanniques: séparer sa conduite de cet acte, c'est dénoncer le fait en en cachant la cause, c'est agir avec mauvaisc foi, c'est tendré un piége au lieu de produire une conviction. Mais ees deux journalistes et Rosas, dont ils sont les hum- óles organes, se trompent misérablement s'ils croient tout le monde assez aveugle pour ne pas voir leur fouiberie. II est possible que Mr. Mandeville se repente aujourd'hui d'avoir établi, dans cette question, le trés grave précédent du 16 Décembre : mais c'est lui-méme qui l'a établi, en invoquant positivement les ordres de son Gouvernement; qu'il en subisse done les conséquences naturelles; qu'il supporte seul le poids de la responsabilité qu'il s'est imposée. Mais la conduite du Commodore Purvis a bientót été justifiée par un fait, qui, sans doute, ne restera pas sans résultat et dans lequel les Gouvernements civilisés du monde entier pui- seront une nouvelle preuve contre ce systéme feroce, qui, pour la honte de la société, trouve encoré des défenseurs. Nous voulons parler de la circulaire du ler Avril, que nous considé- rerons uniquement dans ses rapports avec les Agents Publics et le Commodore Purvis. Oribe, invoquant d'une maniere puérilement ridicule, le titre de Président legal de cette République, declare á ees fonc- tionnaires qu'il ne respectera pas le caractére d'étrangers choz les sujets des autres nations qui auront usé leur influence en fa- veur du gouvernement de Montévidéo, oupris parti pour Iui, et leur annonce, dans le langage de sang et de taverne qui caracté- rise les documents de Rosas, qu'il traitera ees étrangers comme ennemis, dans leur personnes et leurs propriétés.—Le rapport qu'i: y a entre cette menace feroce et la conduite sanguinaire (les forces aux ordres d'Oribe, le ton du document, le vague du délit qu'il prétend chátier, l'arbitraire des catégories des préten- dus criminels,etrhorreur du chátiment, soulevérent contre l'abo- minable cartel l'opimon unánime de la population de Monté- vidéo. Quieonque le niera, niera sciemment une vérité recon- nue. Les amis mémes d'Oribe traitérent la circulaire (Timpru- dence stupide, et Mr. le Ministre Mandeville déclara que ce uocument était inexcusable (unwarrantable). Cet écrit imposait sans doute quelque devoir aux Agents Publics auxquels il était adressé. Nous ne prétendons pas que tous le considérassent comme, hors d'ici, tout le monde le considérera comme le délire de la íiévre de sang qui dévore les tyrans: mais nous prétendons que les Agents accrédités auprés du Gouvernement de Montévidéo et qui, par ce fait, le tiennent pour legitime ; que ees Agents dont les Souverains font des traités avec ce Gourernemcnt, ne devaient pas consentir en gi- tanee qu'un simple particulier leur écrivit ofjiciellement pour — 19 - traiter ce Gouvernement, auxprés duqiiel ils résident, iVinfáme, de rebelle et de sauvage. Ils auraient dú, par quelque manifes- taron publique, prouver qu'ils blámaient cette démarche ; par- ceque, du moment que le Gouvernement savait qu'ils avaient regu cette note de son ennemi, il avait le droit de demander com- ment la considéraient les Agents qui résidaient auprés de lui. Parmi eux, Je Cónsul de France avait un devoir spécial a remplir, parce qu'Oribe s'adressait á lui en invoquant un titre que le Gouvernement Frangais avait déclaré officieUement, par l'organe du Comte De-Lurde, ne pouvoir accorder á Oribe Mais ni le Cónsul de France, ni aucun autre Agent Etranger, á l'exception des Anglais, n'ont fait la moindre obser- vation contre la Circulaire; tous se sont tus en présence de la frénétique menace; tous ont tacitement sanctionné Pinsolite attentat. Seuls, le Cónsul Général intérimaire de la Grande Bre- tagne et le Commodore qui commande les forces anglaises sur notre rade, ont senti toute I'injustice, toute la violence de l'ou- trage, tout le crime de lése-humanité que renferme la Circu- laire : seuls, ils ont compris que J'honneur de leurs postes, la sé- curité de leurs compatriotes, les explicites déclarations de leur Gouvernement, et le respect dú á la République, leur imposaient le devoir de marquer d'une noble réprobation cet acte d'audacc etde sang, etd'exiger positivement sa rétractationpublique. Et ils l'ont fait: et cet acte généreux est á nos yeux, comme il le sera aux yeux du monde civilisé, un titre d'honncur pour ees deux fonctionnaires, dignes représentants d'un peuple libre. La conduite du Commodore Purvis, á l'occasion de la Circulaire d'Oribe, est le point qui le lie plus directement á l'objct de cet opuscule, parcequ'elle forme un centraste unique, et bien honorable, avec celle que, depuis douze ans, les Agents Etran- gers ont tenue á l'égard du systéme de Rosas. Le Marin Anglais, app'elé á s'opposer á la prétention démesurée de la Circulaire, est le premier qui, ouverlement, en présence de Rosas, de son lieutenant et de ses forces, ait repré- senté sous son véritable jour, et avec l'autorité de sa signature, le systéme de ce Tyran, comme l'intérét de l'espéce humaine exigeait qu'il apparút. C'est lui qui, le premier, a eu la fermeté de déclarer a la face du monde entier une vérité, que tous les autres Agents Publics ont reconnue comme lui, mais qu'aucun d'eux n'a osé proclamer solennellement. Non : aucun homme d'honneur ne peut disconvenir que la violence manifestée dans la circulaire d'Oribe, la cruauté de la menace qu'elle renferme et le langage dans lequel elle est conque, " ne fassent rougir jusqu'au plus misérable despote de la cote de Barbarie"; personne ne peut ignorcr que les chátiments hor- ribles, dont il menace, et le crime non quálific auquel il les ap-- ao - plique, " ne reposent sur aucun principe de justice, ni sur le " droit legal des parties belligérantes ": et tout le monde com- prend que cette fureur de confisquer et de tuer " est une preu- " ve de cet esprit cruel, atroce, dans lequel il a fait la guerre, " et qui lui a valu la réprobation de tous les honnétes gens." Tous le savent, le reconnaissent, le sentent : mais tous ont abdiqué, en faveur du Commodore, l'énergie tt l'honneur de dé- clarer cette vérité: et le Commodore a accepté avec orgueil cette haute position que tous lui abandonnaient. Les parasites de Rosas ont senti le coup mortel que cette noble déclaration de la vérité portait au systéme du mensonge et du criine, et ils se sont déchainés contre elle dans la Gazette et dans le British Packet. Us prétendent que le Commodore Purvis n'était pas compétent pour connaitre de la légalité du titre de Président legal que se donne Oribe, et cela prouve seulement le jugement et labonnefoi des avocats de Rosas. Le Ministre de la Reine á Buenos Ayres avait expressément décla- ré au Dictateur que l'Angleterre ne recconnaissait pas les pré- tentions d'Oribe ala Présidence de la République. Ce Minsitre venait de de conclure avec le Gouvernement Oriental un trai- té, ratifié par le Général Rivera lui méme, comme Président de la République ; comment done, en face de pareils actes, refu- ser au Commodore Purvis le droit de nier a Oribe un titre que rejetait la Souveraine de la Grande Bretagne? Ou bien devait il reconnaitre deux Présidents de la République? Diré qu' Oribe est un prétendant appuyé par les armes étrangéres, n'est pas émettre une opinión, c'est déclarer un fait: or chacun á le droit de déclarer les faits. Les gazetiers de Rosas ajoutent que le Commodore avecvnpeu de reflexión,* se serait abstenu de jeter á la face d' Oribe le reproché d'atrocité dans la guerre qu'il nous fait, pour que celui-ci ne le reprochat pas á son tour les scénes de cruau- tés dont l'Indus vient d'étre le témoin. Les Anglais ici et chez cux, le Gouvernement Anglais lui-méme, apprécieront á sa juste valeur l'Anglais qui imprime et publie, dans un journal anglais, un pareil argument; heuveusement cette táche n'est pas la notre. Mais nous avons le droit de déclarer que Pargument du British Packet équivaut á un aveu positif des atrocités dont on aecuse Rosas et ses lieutenants; et nous ajouterons qu'un crime cornmis dans l'Afghanistan n'excuse pas les crimes commis ici, et ne ferme pas la bouche á un homme d'honneur lorsqu'il veut lesdénoncer. Au reste, que la Gazette et le British Packet ne prennent pas la peine de défendre le systéme de leur maitre ; nous avons aux portes de Montévidéo le Général Oribe qui se chargera de démentir, par ses actes, ceux qui tenteraient de le défendre par leurs paroles. 11 n'y a pas encoré quinze jours que ses troupes -M- ayant fait prisonniers huit frangais du corpsdes Volontaires de la Liberté, les ont sur le champ decapites: ees bétes féroces ont emporté leurs tétes; cette semainc méme, pareille scéne s'cst renouvelée sur d'autres prisonniers. Cela se passe sous les yeux de milliers d'étrangers qui habitent Montévidéo et qui voient les trones mutiles des prisonniers que fait Oribe : quels arguments emploieront la Gazette et le British Packet pour prou- ver que c'est un mensonge ? La Gazette, pour juger le Commodore Purvis, a écrit un énorme article, production indigeste et ridiculo d'un de ees sa- vants vermoulus, dont toute la science consiste á compiler des volumes dont ils ne lisent que les morceaux qu'ils citent; elle y a entassé, jusqu'au dégout, les doctrines que les étudiants sa- vent par coeur, pour prouver ce que sont et la neutralité, et le droit des parties belligérantes, suivant la loi des Nations. Nous ne nous donnerons pas le ridiculo de lui répondre ; mais nous ferons, pour les hommes sensés, une obsei vation gé- nérale, qui répond á notre buf. Rosas invoque en sa faveur les principes du droit des gens, il veut que Ies nations neutres lui accordent toute la liberté d'action qui appartient á un belligérant, en méme temps que lui ne reconnait aucun principe, n'admet aucun droit comme frein á sa conduite ; alors qu'il désole Ies pays auxquels it fait la guerre, égorge les prisonniers qui tombent entre ses mains, méme aprés les capitulations formelles qui leur assurent la vic (1) ; et proclame, dans tous les documents qu'il publie, Texterminat ion de ses ennemis. Nous demanderons ici : le belligérant qui agit de cette maniére, qui se place lui-méme en dehors du droit d es gens,peut-il invoquer en sa faveur les avantages et les princi- pes qui n'appartiennent qu'á ceux qui Ies respectent ? Non, mille fois non: et, puisque l'on cite les publicistes, nous dirons á notre tour que tous ceux qui sont dignes de ce nom élévent énergiquement la voix contre les Tyrans, fléaux de l'humanité, qui i gouverncnt comme gouverne Rosas ; que tous les dé- clarent hors la loi, que tous autorisent l'extermination, par quelquc moytn que ce soit, de pareils ennemis du Genre Hu- main. Cette place est la seule qu'occupc Rosas dans le droit des gents : et lui et ses parasites, avant d'invoqucr en leur fa- veur les principes de cette loi universelle, auront á prouver qu'ils ne sont pas coupables des énormes attentats qui leur en retirent la protection. Pour en revenir á la circulaire d'Oribe, le Commodore (1) Le CoIorcI Achafut decapité aprés une capitulation so- lennelle.- 22 - Anglais, obligé de protégér contre elle ses nationaux qui le luí dcmandaient, exigea peremptoirement qu'il la retirát et qu'il garantit les personnes et les propriétés des sujets de la Grande Bretagne. Oi'ibe est disciple de Rosas, sectaire du systéme : il n'est orgueilleux et feroce qu'avec la faible, il ne répánd le sang que de l'étre inoffensif: inais, s'il rencontre de l'énergie et de la fermeté, il courbe huinblement la tete et céde, jusqu'á ce qu'il puisse se venger. Soumis, il retira la circulaire et s'en- gagea á traiter les personnes et les propriétés Britanniques conformément au droit des gents. Nous ne savons comment le Commodore Purvis conside- re la derniére réponse d'Oribe, mais le British Packet et surtout la Gazctte de Buenos Ayres, se sont chargés de prouver que Ro- sas, de qui dépend Oribe, loin de teñir la circulaire pour retirée, soutient que les sujets Britanniques, résident á Montévidéo, ont déjá encouru les peines qu'elle fulmine. De toute maniére, le fait est qu'Oribe n'a pas donné, et né peut pas donner, de garandes au Commodore Purvis, ni á personne, soit comme horame privé, soit comme homme public Ses actes prouvent cette vérité. Oribe, réellement révétu du titre de Président de la République, abdiqua cette dignité devant PAssemblée Générale. par sa note du 23 Octobre 1838. La raison qu'il donna de cette abdication fut "qu'il était convaincu qu'en restant au pouvoir, " il était le sevl obstacle au retour de la tranquillité dont la Ré- " publique avait un si grand besoin. " II ajouta " qu'il agissait " ainsi parcequ'ainsi l'exigeait la paix du pays; et parce qu'il " comprenait que les sacrifices personnels sont un holocauste dú " au bien général. " Aprés une declaration si solennclle, faite sur son honneur et sous la garantie de sa signature, nous voyons ce méme homme redemander, les armes á la main, le pouvoir auquel il a renoncé ; et loin de croire que ce soit un obstacle á la tranquillité que rédame la République, loin de faire le sacrifice personnel de son ambition comme holocauste au bien général, il conduit dans sa patrie des armées étrangéres, desolé les campag- nes, et ruine une ville entiére qu'il ne connait méme pas, car elle s'est élevée depuis qu'il a quitté le pays. Et quoi ! l'homme qui dément ainsi ce qu'il ajuré sous la responsabilité de sa signature, devant la Représentation Na- tionale, cet homme méritera qú'on le croie lorsqu'il assure, dans une note adressée ájun chef étranger, qu'il respectera les per- sonnes et les propriétés Britanniques? Ce n'est pas tout encoré. Oribe commandait l'armée qui, par ordre de Rosas, nivela avec le sol les peuples argentins. Sous ses ordres coinbattait don Angel Pacheco, auquel il en- joignit de sourncttre lesprovinces de Cuyo. Pacheco combattit contre le Coloncl Acha qui. ne pouvant résister, capitula sous -23 - la condition expresse que sa vie et celle de ses soldats seraient respectées. Ainsi le prouve la dépéche officielle du chef qui forc,a Acha á se rendre. Ce général Pacheco, le méme qui est ici de vant Montévidéo, sous les ordres d'Oribe, et qui s'y trouvait déjá alors, eut en son pouvoir, pendant plus de trente jours, ce méme Colonel aprés sa capitulation ; au bout de ce temps il lui ñt trancher la téte ! et communiqua offlciellement á Rosas cet horrible attentat. Nous le répéterons encoré : ceux qui de sang froid font couper la téte a un homme qui se rend avec la garantie de na- vio, aprés l'avoir retcnu prisonier pendant un mois, respecternnt- ils la promesse simple et ambigúe de traiter, selon le droit des gens, des étrangers qu'il déclare détester ? Malheur á celui qui s'endort dans cette fausse sécurité ! II ya treize ans que Rosas, en commentant le traité qu'il fit avec le Général Lavalle, et qu'il viola ensuite dans tous ses articles, proclama cette máxime : " qu'avec les tigres il n'y a pas de " traité : qu'on leur tend des piéges, et quand'ils y sont tombés, " on Ies tue " Et l'auteur de cette doctrine invoque le droit des gens !! Nous disons que la promesse d'Oribe est ambigúe. En cftet tout le monde doit reconnaire qu'elle est évidemment cap- tieuse. II ne s'oblige á rien de plus qu'á traiter les sujets britanniques conformément au droit des gens ; or, Oribe entend que le droit des gens l'autorise ádécapiter ses prisonniers ; et il vient de le faire précisément áhuit sujets étrangers, deux jours aprés avoir signé cette garantie. La Gazette Mercantile, organe direct de Rosas, traitant cette matiére, vient d'affirmer d'une maniére tout á fait déter- minante, que le droit des Nations autoris méme une guerre d'extermination. (1) Par conséquent Oribe confisque ra les pro- priétés des anglais, et tranchera la téte á ceux qu'il nomine coupables, en soutena'it qu'il agit conformément au droit des gens. Si non, qu'on demande á Oribe, á Rosas, á la "Gazettc Mercantile," au "British Packet", s'ils croient manquer'au droit des gens quand ils égorgent leurs prisonniers ; ils répondront que non..... Mais a quoi bon insister davantage sur cette demonstra- tíon ? La Gazette et le British Packet soutiennent comme lé- gitime et méme comme protectrice pour les étrangers la circu- laire d'Oribe, et ils prétendent que le Commodore Purvis a abusé de la forcé en réclamant contre elle. Oribe dépend de (1) Gazette Mercantile du 3 Mai courant._ a* - Rosas; or, Rosas aprés la promesse de celui-la et le retrait de sa circulaire, persiste a soutenir la doctrine et les menaces de ect étrange document. Oú est done alors la garantie 1 Nous le repétons: nous ne savons pas comment Mr. le Commodore Purvis envisagera ce point ; mais, (nous le désirons ardemment et méme nous Pespérons) qu'il comprenne bien toute la captieuse supercherie de la réponse d'Oribe, et que cet anté- cédent serve a produire un bien que Phumanité rédame á grands cris. Nous nous expliquons. Le Commodore Purvis est le premier qui, en présence de Rosas, a classifié, comme il le mérite, 1' horrible systéme de ce tyran. Et il est aussi le premier, selon les informations que nous avons prises, quí a commencé á demander au nom de l'humanité la regularisation de cette guerre d'extermination et de scandale, en attendant le moment de la faire cesser. Et voici une autre responsabilité tres grave qui pése sur les agents étrangers. En Gréce, en Espagne, partout ou la fureur effrénée de miserables sans religión et sans loi arépandu froidement lesang de ceux qui s'étaient rendus, et a formulé son droit de guerre en déployant la banniére noire et en donnant le signal de l'égorge- ment, les cabinets Européens ont intervenu pour arréter cette fureur. S'ils n'en sont pas venus, dans beaucoup d'occasions, á exiger que la lutte cessat tout á fait, ils ont du moins voulu qu'elle se régularisat, qu'on n'épouvantát plus le monde et qu'on n'offensát plus l'Etre Supréme par d'horribles et inútiles boucheries; que lepoignard de l'assassin'ne répandit plus le sang que la Providence souttrait au fer des combattants; que la guer- re en fin s'assugétit á la doctrine et au droit qui aducit ses de- vastations obligées. Cette intervention a été fréquente ; et elle est toujours noble, humaine et nécessaire. Mais parmi nous, sur les rives de ce malheureux fleuve de la Plata, la volonté d'un seul homme fait tomber les tétes par centaines; il fait la guerre en détruisant les villes et leurs habi- tants; il fusille dans une seule matinée, au centre méme de la ca- pitale de B. Ayres soixante douze Indiens pampas que lui-méme avaitarmés; il fusille en un seul jour au milieu de son campement vingt et quelques habitants prinepiaux de Cordova, qu' Oribe lui avait envoyes de cette province, parmi les quels trois vieux et respectablcs prétres ; il égorge les prisonniers sur le champ de bataille; il publie sur la liste des dépenses du ti ésor une somme d'argent payée á ceux qui ont coupé telleYm telle téte. (I) (I) Dans un des N.°' de la Gazetle Mercantilc du mois l'octobre 1840. que nous regrettons ne pas avoir sons la maiv. - 5ÍS - Et les agents étrangers qui le voient ne se donnent aucun mou- vement enfaveurde rhumanité, ils n'cxigent pas, Wa r\c, detnan- dent pas méme que la guerre se régularise; que cet homme garde enfin le caractére do bélligerant et abdique celui d'assassin public! En elfet, aucun pas dans ce sens n'a encoré été fait par les agents étrangers. Tous paraissent aussi avoir abandon- né au noble marin anglais l'honneur d'établir cette oeuvre d' humanité et de christianisme. Espérons qu'il y persévérera avec la constance et la foi qui naissent de la concience d'un devoir. Qu'il ne se laisse par détourner par les criailleries fréné- tiques des hommes soudoyés par Rosas, ni par l'indifférence glaciale des diplomates. Les premiéi s menacent par lacheté et n'ont d'autrc énergie que cello de la peur. Quant aux derniers, il importe beaucoup que le monde voie celui qui se refuse, aprés y avoir été invité, á coqcourrir au saint objet de régulariser une guerre d'oxtermination. Oh, si! que le Commodore insiste dans son noble pro- jet ; qu'il appelle á son appui tous ceux qui, sur les deux ri- ves de la Plata, représentent des gouvernements civilisés ! Ceux qui le suivront participeront á l'honneur et au lustre qui ressortent de la seule tentative ; tandis que le monde entier marquera de son sceau ineífagable ceux qui se refuseront á a sai n te tache. Rosas ne cédera pas ; il soutiendra qu'il a Je ldroit d'égorger Ies prisonniers. La Gazette, órgano connu du dictateur^l'indique déjá. Peu importe: il faut insister pour 1c bien ávec une ténacité plus grande que celle des méchants pour le mal. C'est le moyen d'accélerer la chute de cet horrible sys- téme de sang; et de faire ressortir la coupable tolérance avec la quelle l'ont toujours considéré les agents qui ont vecu auprés du dictateur. Au moment méme oú nous écrivons il vient de se passer un fait qui aurait dú déjá avoir provoqué de sérieuses récrimi- nations de la part de ceux qui ont signé la note du 16 Décembre ; mais qui parait avoir passé sans exister la moindre attention: nous voulons parler de la nouvelle insurrection de Corrientes. II ya quatorze ans que Rosas essaie son systéme contre . une poignée de revoltés, selor lui, et que cependant il n'a pu vaincre dans un laps de temps aussi considérable. II gagne le í> Décembre une bataille, qui lui soumet, le 14, se trouve un tablean dépenses des du Trésor dans lequel figure un article ainsi concu : " Au juge de paix des Quilmes (cela '■ nous semble) pour remettre aux deux Jiommes qui ont coupé la " téte att sauvuge unitairc Galindez......................." Cette gazette ful presentée á l'Amiral Mackau qui allait alors á Buenos Ayres. 4loute la province de Corfientes.celle qui lui avait fait le plus de résistance. Le premier usage qu'il fait de son triomphe, est une résolution des prétendus représentants de la Province conquise, en jnvestissant son gouverneur d'un pouvoir discré- tionnaire et arbitraire, " pour l'incessante persécution et l'cnticr anéantissement des unitaires, et pour resserrer la parfaite har monie de principes et de procédés fédéraux avec tous les peuples déla confedération." Le gouverneur, ainsi autorisé, fulmine le 20 Mars un horrible décret de proscription, de confiscation et de mort contre les vaincus. (1) Et que! a été le résultat de la continuation de ce barbare systéme ? Dix jours aprés la publi- cation du décret, le 1er. Avril, une nouvelle insurrection com- menca dans la province ; le 12 elle était déjá générale. Et le gouverneur qui rendit le décret, et les représentants qui l'avaicnt investí du pouvoir discrétionnaire, s'enfuirent pour aller se met- tre sous la protection de Rosas. Le résultat a été -une nouvelle guerre qui commence, une nouvelle nécessité d'armements, de ruine, de sang, et cela aprés quatorze ans d'essai de son systéme. He bien; les Agents qui ont signé la note du 16 Décembre ne croient-ils pas qu'il est temps de diré —c'est assez ! Ne croient-ils pas que cette marche,continuée de la sorte, n'a point de tertne et que plus elle durera, plus feroce chaqué jour elle deviendra ! Ne voient-ils pas que le Rio de la Plata marche directement á l'état ou se trouve le Paraguay ? Ne comprennent-ils pas qu'il y a pour eux obligation d'éviter ce résultat ? Ne voient-ils pas que les peuples qui regoivent, pour prix de leur soumission, des confiscations et des assassinats en masse, se souléveront mille fois, quoique mille fois vaincus, et qu'ils combattront avec acharnement jusqu'au dernier soupir ? Ou prétendent-ils que ees peuples doivent consentir docilement a se laisser égorger, comme moyen unique de conserver les bonnes graces du Dictateur ensanglanté ? Nous sommes presque tentés de le croire, ainsi lorsque nous voyons avec quelle indignation mal comprimée le "British Pa- cket," organe de Mr. Mandeville, attaque le Commodore Purvis, pouravoir empéché que Montévidéo soit aujourd'hui au pouvoir d'Oribe; ce qui, selonle journal Anglais etla Gazette.eut terminé la guerre, seul désir du Gouvernement Britannique. Non, certai- nement non, (pour l'honneur de l'Angleterre et de l'humanité) ce n'est pas lá le moyen de terminer cette guerre, comme le désirent les puissances médiatrices: la note du 16 Décembre dément l'as- (1) Ccs deux documents se trouvent insérés duns la Gazettc du 20 Avril dernier. sertion mensongérc du "British Pachét": le Ministre Mandeville a dit le contrairc de ce que dit aujourd'hui la feuille, organe du méme ministre. Bien loin que le Gouvernement Britannique dé- sirát voir se terminer la guerre par la soumission de Montévidéo au pouvoir dévastateur de Rosas, le Ministre de la Reine exigea le 16 Décembre que les troupes du dictateur ne dépassassent pas les frontiéres argentines ; c'est á diré qu'on n'introduisit pas á Montévidéo, vaste entrepót du commerce, centre de civilisation et de richesse, le barbare systéme qui a ruiné Buenos Ayres. Telle fut l'intention bien positive du Gouvernement Britanni- que, et elle s'accorde mal avec la conclusión de la guerre, com- me la voudrait le "British Packet" et peut-étré aussi son patrón avoué. Le Commodore Purvis, s'il avait empéché que Montévi- déo tombát entre les mains d'Oribe et de Rosas, n'aurait fait que remplir les désirs manifestés de son Gouvernement, que travailler strictement dans le sens de l'intimation du 16 Décem- bre. Par cette intimation le gouvernement Anglais dit á Ro- sas : " Vous n'envahirez pas Montévidéo." Un chef Anglais avec les moyens de s'opposer á l'invasion, aurait rempli, en l'empéchant, le devoir que lui imposait cette intimation officiel- lede son gouvernement. Mais le Commodore Purvis ne Tapas fait ; et le "British Packet" et la "Gazette" l'attaquent sur ce point aussi faussement que sur les autres ; il ne l'a pas fait, et peut-étré Mr. Mandeville est-il coupable de ce que les forces que commandait le Brave Marin, n'aient pas rendu les services qu'autorisait l'intimation. A présent, nous nous bornons uniquement au fait. Oribe n'a pas pris la place de Montévidéo, parcequ'il n'a pu, parcequ'il ne peut la prendre; parceque les moyens lui manquent pour cette entreprise et que l'attaque lui fait peur. Avant l'arrivée du Commodore dans le fleuve de la Plata ; le fossé était déjá ouvert; déjá s'était elevée la muraille qui enceint Montévidéo ; elle avait, tout montes, une grande partie des canons qui la défendent ; et le jour qu'Oribe parut sur le sommet du Cerrito, six mille hommes (Tinfanterie étaient rangés sur la ligne des for- tifications. Depuis lors Oribe, n'a pas fait la moindre tentative contre la place, et nous défions qui que ce soit, d'établir qu'il ait tenté la moindre démonstration, non pas d'attaque, mais seulc- ment de reconnaissance sur notre ligne. S'il n'a pas méme osé cela, comment peut-on affirmer que s'il n'a pas pris la place, c'est á cause du Commore Purvis? Quels secours ce chef a-t-il fourni á ceux qui la défendent? Son caractére est trop franc et trop loyal pour l'avoir tenté secré- tement: si son intention avait été de les donner, il l'aurait fait á la lumiére du jour et avec l'énergique franchise qui lui a fait marquer du sceau de réprobation la Circulaire d'Oribe. C'estce capitaine farouchc, láche autant qu'inhabilc, qui a laissé f or- tifier la place ; c'est son impéritic et son irrésolution qui ont donné le temps au Général Rivera d'organiser en sa présencc des forces de cavalerie supérieures aux siennes et qui le mettent aujourd'hui aux abois ; qui ont permis ¡i la Place de déployer cettc activité qui a improvisé des fortifications, qui a formé des corps des soldats aguerrís et organisé une milice nombreuse ; qui a monté et placé en batterie plus de cent.vingt piéces de canons, arracliés aux coins des rúes oú ils servaient de bornes ; cette activité enfin qui a étourdi Oribe, déconcerté Rosas et brisé le pouvoir de tous les deux. Le Commodore Purvis n'a été pour rien dans tout cela. 11 est vrai, et nous le reconnaissons avec une vive satisfaction, il est vrai que les mesures prises par lui en conséquence de la note ríe Mr. Mandevilledu 10 Décembre, et pour la défense de ses nationaux, a puissamment favorisé la cause du gouverne- inent; de méme que celle de Rosas a d'autant gagné par les memorándum de Mr.' Mandeville, par la conduite de ce Ministre, postérieure á cettc intimation, par son mépris des représenta- tions de ses compatriotes et par son incomprehensible désaccord avec le Commodore Purvis. Mais l'influence favorable de ees mesures n'était pas plus calculée, qu'elle n'avait pour but de rompre indument la neutralité ; c'était une conséquence acci- dentelle et inevitable des mesures mémes. II y a plus: la plu- part doivent étre imputées á I>. Manuel Oribe lui-méme. Qui a provoqué la conduite du Commodore Purvis au sujet de la cir- culaire du 1er Avril ? Qui? si ce n'est ce monstrueux docu- ments, inexcusable dans l'opinion méme de Mr. Mandeville. Nous terminerons ici cet opuscule, beaucoup plus long que nous ne l'avions pensé en le commengant. Nous y avons dénonce avec la vérité que nous dicte notre conscience, la con- duite des agents étrangers, relativement á Rosas et á son systé- me. Comme nous avons appuyé nos paroles sur des faits et des documents officiels, nous espérons qu'elles produiront, partout oú on les lira, PefFet que produit toujours la vérité, méme parmi ceux qu'elle aecuse. L' effet qui en resultera, la verité une' fois reconnue, sera de faire comprendre á tout le monde le systéme antisocial, irréligieux, destructeur de tout principe d'ordre et de prospé- rité, que représente D. Juan Manuel Rosas ; d' attirer sur ce colosse du crime la réprobation de tous les hommes honnétes et sinceres, de tous les Gouvernements civilisés et chrétiens ; de former contre lui une Ligue universelle d'opinion, qui le sígnale comme ennemi declaré de Dieu et du genre humain ; qui Ib déclare usurpateur tyranique, d'un pouvoir qui n'est pas le sien, et lui retire les considérations et le respect dont seuls sont dignes les hommes et les gouvernements qui respectent la loi universelle; une ligue de civilisation et d'humañité, qui délivre cette malhereuse capitale de Buenos Ayres et les peu- ples désolés des Etats Argcntins, de l'abime de sang qui se comble de tétes humaines ; qui brise enfin dans les mains de 1' Assassin Public, le poignard avec lequel ¡I menacc et anéantit. Ce but, nous l'esperons, sera atteint par le pouvoir de la vérité. Notre plume n'est point mué par un esprit de parti ; personne ne peut se tromper au point de le croire: Rosas n'est pas le chefd'un partí; ils ne prend pas méme la peine de faire croire qu'il en représente un: son étendard de fédération, déjá fané, n'en impose a personne ; Nous mémes, qui le com- battons, nous ne sommes pas un parti; la populace qui le soutient n'en est pas un non plus. En luttant contre lui, nous luttons con- tre une calamité universelle ; nous sommes certainset certains par une conviction réflechie-que nous vaincrons les soldats que Rosas a précipités sur nous ; mais aprés les avoir vaincus, aprés méme que la paix sera rétablie entre les deux Etats, nous parlerons eomme nous parlons aujourd'hui ; parceque ce n'est pas I'aggression actuelle que nous combattons, c'est le systéme, c'est la méchanceté, la fraude, la soifde destruction qui le constituent ; et nous demandons qu'il s'éleve contre ce sys- téme une Croisade de civilization et de vertu, qui anéantisse et disperse les éléments de la barbarie etdu crime. En le demandant nous ne nous reposons pas sur la puis- ance de notre parole, mais nous avons confiance dans la forcé supréme de 4a vérité.