. PETITIO^ A LA 1J:iA\?BHli DES f>ÍÍÍ)t|S H.R fcW^SAS Oí.' Sír'.S Af-K;NTS coNrur; jjés p«$sb$>í£.s rt lks pr< »rr.iíftfs kra¿>c airks VA « ti Sí n É c L A M § ¡V Tfc. Í8Í3A MKSSIEURS LIS MEMMIKS DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS. Messielks, Les dóprcdations cxercées contre nos nationaux sur le Icrritoire *lc la Républiquc Argentino ont a diverses reprises attiré l'nltentiün de la Chambre. De nombreuses réclamations, appuyées de preuves irrecusables, ont fait connaitre au gouvernement du roi des acles de la plus révoltante iniquité. Depuis plusieurs années il n'existe plus, pour les résidents fran- jáis, non pas seulemcnt dans la province de Buenos-Ayrcs, mais dans les pays circonvoisins, partout oú Rosas peut ¿tendré sa domi- nation ou fairc pénétrer ses hordes dévastatrices, de sécurité ni pour les personnes ni pour les propriétés; les exemples á vous citcr ne nous manqueront pas. En invoquant votre protection éclairée, messieurs, tant pour nous-mómes qu'en faveur de nos infortunos compatriotes, qui ne peuvent en ce moinent joindre leurs plaintcs aux nótres, ce ne sont pas seulemcnt des intéróts individuéis que nous prenons la liberté de vous recommander, quelquc dignes qu'ils puissent étre de votre sollicitude; ce n'est pas seulement la cause de la justice et de l'hu- manité que nous entreprenons de plaidcr devant vous; ce sont, en méme temps, les intéróts matériels de la France, ceux de son com- merce, gravement compromis, dont nous venons vous supplier de prendre aussi la défense. On tomberait dans une grande erreur, messieurs, si Ton mécon- naissait l'influencc qu'exerce sur le développement de notre com- merce extérieur le nombre de nos nationaux qui vont s'établir a l'étranger. Non—seulement ils emportent des goüts et des habitudes qui partout leur font donner la préíerence aux produclions de leur terre natale, mais ils propagent ees goúts dans les pays qu'ils fré- quentent; ils contribuent ainsi a accroitre la consommation des 1produits du sol et des fabriques de la France, en méme temps qne l'activité de sa navigation. Quel excmple plus frappant peut-on vous en offrir que ce qui se passe dans les contrées rfverarnes de la Plata? Personne n'ignore dans quel ísolement la politique inqaiéte et jalouse de l'Espagne maintenait ses colonies : toutes relations avec les autres pays leur étaient sévércment interdites. La métropole exercaít le monopole le plus rígoureux ; en sorte que, quand l'A- mérique espagnole leva l'étendard de f'indépendance, ses habitants ne consommaient que les produits de l'Espagne, qu'on leur faisait payer au poids de l'or, bien qu'iís fussent de qualités inférieures et fournisavec une grande parcimonie. Aussi, dans les maisons riches, voyait-on F'argent employé en profusión aux usages les plus gros- siers, tandrs qu'on y était dénué de la plupart des objetsqui, méme pour de mediocres fortunes, constitucnt aujourd'hui ('indispensable nécessaire. II fant, dans tont état de cause, du temps pour modífier Ies goúts d'un peuple et lui faire adopter de nouvelfes habitudes. La lutte opiniátreque les nouveaux États eurent á soutenír contre la mére- patrie, leurs dissensions intestines retardérent encoré f'établisse- ment des relations régulieres entre I'Europe et l'Amérique méridio- nale; mais aussitót qu'un commenccment d'organisation ramena nne apparence d'ordre et de sécurité, le développement rapide que prit le commerce européen dans ees contrées en révéla Ies immenses ressources. Nous y trouvions d'importants débouchés pour les pro- duits de notre sol et de notre industrie; des retours en matieres premieres útiles á nos fabriques et un aliment á notre marine mar- chande. Peu de mots vous meltront á méme de juger, messieurs, de l'ac- croissement extraordinaire que prenait, sur Ies rives de la Plata, notamment dans l'Etat oriental, le commerce francais, et de l'avenir qui s'ouvrait devant luí, quand un Inmune, qui semble s'étrc donné pour mission de dominer dans le désert et sur des ruines, a violem- ment arrété cel essor et porté la dévastation et la misére dans de vastes régions oú la nature semble s'étre plu á rasscmbler tous les óléments de prospérité. Il y adix ans, Ic nombre des navires francais qui fréquentaicnt fe port de Montevideo s'élevait, année moyenne, de 25 A 30. Dans ce nombre, il élait extrémement rare qu'il arrivát un bátiment en- tiéremenl chargé de vins de France. La population indigéne avait, de temps immémorial, contracté l'habitude des gros vins de Cata- logne, connus dans le pays sous le nom de vins de Carlon, et qu'a- menaient des navires sardes. En 1839, il entra dans le port de Montevideo 48 bátiments fran- cais et il en sortit 45, dont le tonnage moyen était de 186 ton- neaux. Des gens intéressés k contester les causes réelles de la prospérité de Montevideo attribuérent alors l'accroissement qu'avait pris, dans ce port, h cette époque, le commerce francais au blocus de Buenos- Ayres. lis ne tardérent pasa recevoirun solennel démenti. En 1842, deux ans aprés la levée du blocus, il est entré dans ce méme port 97 navires francais, et il en est sorti 98, d'un tonnage moyen de 210 tonneaux. L'importance du commerce francais á Montevideo avait done plus que triplé en sept ans. Elle avait doublé dans les trois derniéres an- nées, si Ton compare seulement le nombre des navires; et, si l'on tient compte de la diflerence du tonnage, l'augmentation réelle, dans cette courte période, du mouvement de notre navigation sur ce point du globe s'élevait á la proportion de 128 pour 100. Mais une considération qui ajoute á ees résultats une importance immense pour notre pays, c'est que sur 97 navires entrés en 1842, 21 bátiments chargés de vins provenaient du seul port de Bordeaux, tandis que sept ou huit ans plus tót l'arrivée d'une cargaison com- plete de vins de France était un fait exceptionnel. Lorsque de toutes parts'on sígnale la détresse de nos départements vinicoles, ne serait-il pas déplorable de perdre un semblable mar- ché? N'en est-il pas de méme pour notre marine marchande? Com- bien compte-t-on, dans le monde connu, de ports oú se rendent an- nuellement cent navires francais, qui y trouvent le placement de leurs cargaísons, et, en retour, du fret et des chargements avanta- geux ? Et l'on ne peut pas se tromper, messieurs, sur la cause princi- pale de cet accroissement si rapide de notre commerce dans la ré- publique de l'Uruguay; il est du évidemment á l'augmentation de la population francaise, car il en a suivi les progrés. De 1836 a 1838, on comptait sur le terriloire de la Bande Oriéntale, de i a5,000 résidents franjáis ; le nombre s'en était elevé en 1842 a 15 ou 16,000, et notre commerce sur ce point avait plus que triple. Un exemple aussi frappant peut-il laisser le moindre doute sur les importants avantages que présente á notre commerce l'émigration d'un petit nombre de nos nationaux? 15 a 20,000 ouvriers ou íirtisans qui quittent la France pour aller chercber fortune á l'é- tranger, ne laissent pas chez nous un vidc sensible : transporté? dans un pays comme la province de Montevideo, en peu de temps ils en eussent fait, en quelque sorte, une colonie francaisc; ce modede colonisationestsanscontredit, messieurs, celui qui mériterait le plus d'étre encouragé, car il ne coúte rien á la mere-patrie, et il est également avantageux au pays d'oú viennent les colons et a celui qui les accueillc. II est, nous le savons ', des personnes, dont nous ne suspectons pas les intentions, mais qui, ne pouvant ou ne voulant pas étendre leurs vues au delá du cercle rétréci des intéréts individuéis, et comp- tant pour rien les avantages que quelques émigrants peuvent pro- curer á la mére-patrie par l'impulsion qu'ils contribuent á donner au développement de son commerce, ne voient dans un Francais partant pour le Nouveau-Monde qu'un Inmune á la recherche de moyens de faire fortune plus rapidement qu'il ne le pourrait dans son pays, etqui en coneluent qu'il doit le faire á ses risques et pé- rils, que son gouvernement ne lui doit nulle protection. Si un principe aussi erroné pouvait prévaloir, notre commerce extérieur, au lieu d'opérer avec confiance sous l'égide des garanties que devrait lui offrir l'appui d'une puissance de premier ordre comme la France, se verrait á la merci de tous les gouvernements * Cette colonisation, si profitable á la France, a cependant besoin, pour se sou- tenir, d'une certaine protection, et celle que nous réclamons est renfermee dans les limites les plus étroiles du droit des gens, de la raison et de 1'équilé. Que l'émigrant se transporte et s'élablisse á ses frais el h ses risques, rien de mieux ; mais qu'une fois établi sous la sauvegarde des lois du pays , le Francais, soumis a ees lois, supportant toutes les charges légales, se tenant á l'écart des débats politiques , jouisse de quelque sécurité pour sa personne et ses pro- priétés; qu'il ne puisse étre arbilrairement privé de sa liberté, mis á mort, dé- pouillé du fruit de son travail; qu'il ne soil pas livré a la merci du premier despotc qui voudra violer á son égard, non-sculernent la loi écrite de son propre pays , mais encoré toutes les lois divines et humaines. Les actes de spoliation et de per- sécution commis pas Santa-Anna au Mexique, et par Rosas á Buenos-Ayres, ne justifient que trop un semblable vceu, car ils démonlrent qu'il n'est point d'excés dont les bommes de cette trompe ne soient capables envers des élrangers dépourvus d'une suflisante protection. élrangers, méme deceux qui, á l'exemplc de celui acluclde Buenos- Ayres, ne respectent rien, et font ressourec des plus scandaleuses spoliations des qu'ils croient pouvoir les commettre impunément. S'il en devait étre ainsi, á quoi bon des consuls et des agents com- merciaux ? Si ees agents ne peuvent oíTrir á leurs nationaux une pro- tection efficace, leur impuissance ne sera-t—elle pas la cause d'hu- miliations incessantes , non-seulement pour eux-mémes, mais encoré pour le gouvernement qn'ils représentent? Ü'ailleurs, messieurs, sans une certaine sécurité, peut-il exister des relations de commerce réguliéres et de quelque importance? Non, sans doute. Toute la question est done de savoir si chez nous l'on ticnt ou non au commerce extérieur; si l'on veut entretenir et dé- velopper les marchés avantageux que nous offrait le Nouveau-Monde, ou s'il faut les abandonner ; car, quand nous aurons fait passer sous vos yeux le tableau succinct et rapide des actes de violence et de spo- liation exercés contre plusieurs d'entre nous, vousconcevrez que peu d'hommes soient assez a\entureux pour tenter des spéculations ac- compagnées de semblables dangers. Pour expliquer le refusde protection dont nos nationaux ont tant á soufírir sur les rives de la Plata, on les représente encoré comme s'immiscant volontairement dans les luttes politiques. Daignez croire, messieurs, qu'en s'éloignant momentanément de leur pays, vos compatriotes n'y oublient pas leur jugement et leur intelligence. Il n'est pas un de nous qui n'apprécie d'autant mieux qu'il les a vus de plus prés les inconvénients et les périls d'une par- ticipation quelconque á ees déplorables débats, oú tout est sacriti- ces et dangers satiscompensations pour l'étranger réduitá y prendre part. Si doncon a vu des Francais prendre les armes á Montevideo, ils l'ont fait a regret, en cédant á une nécessité impérieuse, et en obéissant á l'appel de leurs propres autorilés. Nous ne venons pas ici iliscuter des théories, nous répondons par des faits notoires á une uceusation dénuée de fondement. Au mois de seplembre 1838, Rosas lanca ses bandes sauvages, dirigées par son digne lieutenant Échagué, sur l'État Oriental, qui avait ouvert ses portsá nos cscadres employées au blocus de Buenos- Ayres. Les proclamations du chef de ees fiordes menacaient tout ce qui était francais de ruine et d'extermination ; et, joignant 1'eíTet á la menace, quelques malheurcux Francais inofl'erisifs , qui étaient— (i — tombés entre ses mains, avaient été dépouillés et láehenient assas— sinés. Les agents de la France, d'accord avec le chef de nos forces na- vales, se concertérent avec le gouvernement local pour pourvoir á la défense commune. L'amiral Leblanc fit débarquer 400 marins des équipages de la flotte pour teñir garnison a Montevideo; mais, comme cette forcé eüt pu étre insuffisante, un appel fut fait aux ré- sidents Trancáis. En quarante-huit heures, 1,500 hommes environ répondirent á cet appel. L'amiral leur fit distribuer des armes; ils s'organisérent en milice urbaine, sous le commandement de deux offíciers supérieurs de l'eseadre. Pendant tout le temps que la garde déla villefut confiée aux Francais, l'ordre le plus parla i t ne cessa de rógner; on n'eut pas á leur reprocher''un seul acte répréhensible ; et quand, au bout de quatre mois, l'arméeennemie eut été dissipée, que leurs services ne furent plusjugés nécessaires, á la voix de leur» chefs ils rapportérent les armes qui leur avaient été coníiées, et re— tournérent tous á leurs paisibles travaux, accompagnés par la re— connaissance publique, seule récompense qu'ils eussent obtenue et ambitionnée. Est-ce la, raessieurs, la conduile d'hommes turbulents, prenant part sans motifs et de gaieté de cccur á des agitations politiques aux- quelles ils auraient dú demeurer étrangers? Si Ton veut remonter avec impartialité á la source des événe- ments qui ont déterminé, il y a deux ans, les résidents Trancáis a Montevideo á prendre les armes qu'ils n'ont pas quittées depuis, o» demeurera convaincu que cette prise d'armes a eu lieu dans descir- constances analogues á ce lies de 1838. Oribe, en envahissant de nouveau la Bande Oriéntale, proTéra les mémes menaces que son prédécesseur Echagué ; les Francais qui tombaient entre ses mains n'étaient pas seulement massacrés sans miséricorde, mais horrible- ment torturé». Le consul-général de France, M. Pichón, alarmé de ees menaces et de ees actes de Térocité, Tut le premier á exciter les Francais á prendre les armes pour leur légitime déTense : il les convoqua so— lennellement, au mois de Tévrier 1843; il constitua, sous sa prési- dence, un comité chargé de les organiser; il designa les postes, il fit disposer á ses Trais des signaux; en un mot il provoqua une dé- monstration qui, en achevant de coraproiucttrc, vis-a-vis d'Oribe, l« population IVancaise, ne lui permettait plusdefaire un pas rétro- grade sans des garanties positives. Quand peu de temps aprés, sans que rien eut pu expliquer le changement qui s'était opéré dans la maniere de voirde M. le cónsul, il exigeaqueles Francais quittassent les armes, ils i'auraient fait, certes, avec autant de satisfaction que d'empressement, pour peu qu'on leur eüt offert des garanties réelles h ' , "i moq iiüijfiioq*»! ni •»•.><)/* h«j b íX>niri1 f! «di ithax Affaire VARANGOT. , iin«w^M Dans l'article qui précéde, nous avons cité le malheureux Varan- got parmi les actionnaires de la Société rurale. Avant que le séques- tre de cet établissement fút connu, Varangot tombait inhumaine- mertt égorgé par les sicaires du dictateur. Ce crime, exécnté avec une férocité inouíe, fut commis le 19 octobre 1830, nendant que Je traité se négociai t á bord d'un navire de guerre francaí* et sous le pavillon national M Qnand notre plénipotentiaire en m«nifesta son indignation et de- manda des explications, un se borne a contester ta nationalité -de Varangot, et, jusqu'á présent, cette«fffaire n'a pas eu d'autres suites que la ruine ¿Tune famille honorable. Varangot erait un vieillard septuagénaire, jonissant de festime genérale, et faisant un digne -usage d'une fortune honorablement acquise. Sa qualité de Franjáis a été irrécusablcrnent constntéé; S— 10 — ulitis, ú quelque n¡ilion qu'il eut pu appartenrr, un criroe aussi atroc« devait-il demeurer impuni? * Des valeurs importantes ont été pillees chez cet infortuno au moment oú on l'arracha á sa famille pour l'entrainer au supplice, Nous n'en parlons ici que pour mémoire, parce que nous n'avons pu en connaitre le chiffre. Avant ce crime, Rosas s'était deja emparé de la Mulita, estancia depuis longtemps la propriéléde Varangot. Les citations précédentes doivent suffire, messieurs, pour vou» mettre á raérae d'apprécier la position de» résidents Trancáis sur le territoire de la République Argentine. Dans les autres cas que nou» avons encoré á vousciter, les actes portenl toujours a peu prés le méme caractére. C'est toujours la méme rapacité, la méme absencc de tout principe de raison et d'équité, le méme abus de la forcé bru- tale envers des malheureux qu'on juge pouvoir dépouiller et persécn- ter impunément; le méme mépris de la puissance francaiso, parce que ees hommes-lá ne comprennent pas l'alliance de la modération et de la générosité á la forcé, et qu'ils ne respectenl que ceux qui savent se faire craindre. Nous nous bornerons done á vous présenter, en terminan!, une nomcnclaturc succincte de quelques-unes des victimes d'un systéme de déprédations orgauisé, vous le voyez, sur une assez vaste échelle. Vousjugerez ensuite, messieurs, s'il importe aux intérétsetá la di- gnité de la France d'en exiger la réparation pour le passé, et d'ei» prévenir le retour pour l'avenír. • nnifV rrenirífilnm 'ui'»**iide)y i'st »o DiJ Au mois de juillet 1841 (huit á neuf mois aprés la signature du traité), un corps de troupes fédérales lui enléve un convoi de mar- chandises d'une vaieur de 2,233 piastresf5 5 réaux, soit 11,950 fr,T et le conduit au gouverneur de la province de la Rioja. Uo certificat de ce gouverneur constate que « ees marchandises ayant été distribuées aux troupes, n'onl pu étre rendues á l'intéressé, comme on eut dü le faire si elles eussent existe , attendu que Lacrorx cst Francais, et qu'il est constant qu'il na pris aucune part aux discussions politiques» ; et il le recommande hVilluslre resíauraleur des loisl). Juan-Manuel Rosas, qui ne fait pas plus droit á cette récla- mationqn'á tontos les autres. — 19 — Affaire THÚMAS ROUSSE, mécociant a blénos-ayrf.s. Au mois de février 1840, il a acheté á Buénos-Ayres deux mai- «ons qui 1u¡ ont coúté 20,5t)0 piastres fortes (109,675 fr.). Elles ont été séquestrées presque rmmédiatement; et depuis lors il nc peut ni jouirde sos propriétés, ni méme en toucher les loyers. Un convoi de navires va au Paraguay avec l'autorísation de Rosas; au retour, par la faute des chefs des troupes argentines, le convoi, en descendant le Paraná, est capturé par une flottille montévidéennc. Peu de jours aprés, il est repris par l'escadrecle Buénos-Ayres, cona- tnandéc par Brown, qui veot faire considérer comme capturés sur l'ennerai, et de bonne prise, des navires pourvusd'expéditions argen- tines. Les tribunaux fotit justice de cette absurde prétention ; niais comme Jeurs décisions sont subordonnées á la sanction du dictateur, qui ne Ta pas donnée, M. Hons.se, depuis plus de deux ans, se trouve encoré privé d'une vaieur d'en virón 12,000 piastres fortes (64,200 f.), pour ¡aquello il est iutéressé dans cette expédition. Affaire BERTRAND BASCARY, propriétaire d'une tannerie ET d'üN ÉTABLISSEME1ST III KM. A TUCUMAN. Antérieurement a la rupture avec la France, le gouverneur de Tucuman, Ibarra, et le general Quiroga avaient déjá pris á Bascary des marchandises pour une vaieur de 4,393 piastres fortes; mais en septembre 1841 (ouze mois aprés le traité), l'arméede Rosas, com- mandée par Oribe, entra á Tucuman k la poursuite de La valle : les établissements de Bascary furent envahis; lui-raéme, menacé de mort, fut réduit á s'enfuir, et tout ce qu'il possédait fut confisqué. Le compte qu'il en a déposé á la légation de France, á Buénos-Ayres, s'élfeve a 23,134 piastres fortes, qui, jointes aux 4,393 antérieures, forment un total de 27,527 piastres fortes, soit environ 147,000 fr. Affaire PIERRE ETCHÉVERRY, propriétaire d'une petite es- tancia A CORONDA, PROVINCE DE SANTA—FÉ, OU IL AVAIT ÉTABLI EN OUTRB UN HAGASIN DE DIVERSES MARCHANDISES. Antérieurement á 1840, il avait été en butte á bien des exac- tions. A la date du 20 septembre, il fut violemment enlevé de chez lui, son établisscraent fut pillé. Quínze jours aprés, son commis, Pierre Béhérébortlo, Francais comme lui, ful inhumainement assas-— 20 — siné. L'élat, tel iju'il a été déposé, en 1841, a la légation francaise, evalué ees perles á 58,000 fr. Knliii, aprts la conclusión du traite du 29 octobre 1840, deux généraux de Rosas, Oribe et Pacheco, achevérent de dépouiller ce malheureux de tout ce qu'il possédait. L'état de ses pertes, montant á 11,409 piastres fortes (environ 61,000 fr.), a été remis aussíá la légation francaise de Buénos-Ayres. Kfilin, pour la troisiéme fois, en 1843, ce malheureux a été ré— duit á la mendicité par une nouvelle spoliation évaluée á peu prés á 6,000 piastres fortes (32,100 fr.). Affaire AUGUSTE FAUCON, propriétairb d'une petite estancia ET DIÑE MA1SON A SAN-PEDRO, PBOV1NCE l>K BUÉNOS-AYRES. Pendant la guerre civile qui désolait ee pays en 1840, il fut forcé de fair. U était a Cordova lorsqu'il apprit la conclusión du traité de M. de Mackau. II s'empressa de sofliciter un passe-port pour retourner á Buénos-Ayres: Au lieu de l'y laisser revenir, on l'y ra- mena, garrotté sur un cheval, en l'accablant des plus cruels traite- ments. On le jeta en prison, lui et son fils, ágé deonze ans. Quand au boutde deux mois on lui rendit la liberté, tout ce qu'il possédait avait été pillé. Sur la reclama tion du chargé d' a fia i res de France, le ministre de l'intérieur, au nom du gouverneur, délivra un ordre portant qu'en conséquence du trailé conclu avee la France, lous les bt'ens que possé- dait Augusle Faugon devaient lui éíre rendus. — Malgré cet ordre et la justice de sa réclamation, ce malheureux n'a ríen pu obtenir, et pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille, il s'est vu ré- duit á se placer comme simple ouvrier. Ses pertes s'élévent á une valeur de 40,000 fr. a f f aire léger, serrtjrier a cordova, et propriétaifle d'un établissehent rural. Lorsque Oribe, général en chef des troupes de Rosas, s'empara de Cordova, il fit enlever Léger, qu'on emmena de forcé á son camp, oú on le retint plusieurs mois pour lui faire ferrer les chevaux de l'ar- mée. Pendant ce temps-lá, on confisquait son estancia, on le dé- pouillait de tout ce qu'il possédait. Ces spoliations sout postérieures á la signature du traité; l'état en a été déposé a la légation de France á Buenos-Ayres : il s'éléveá 12,887 piastres fortes, ou 68,940 fr. — 21 — mm> lui* . > • -ijd'.'n.jn: I .iét*it AFFAIKE LEBAS, M i.ot I IM ÉTABLI A IIJCLMAIS. Lors de Pentrée áTucuman de l'armée buénos-ayrienne, comman- déc par Oribe, sous le prétexte supposé que Lebas étaitassocié d'un unitaire, tout ce qa'il possédait fut confisqué. L'état de ses pertes est aussi déposé á la légation francaise de Buenos-Ayres : il s'éléve á 39,500 piastres fortes (212,000 fr.). L'article capital de cette réclamation se compose des marchan- dises confisquées, dont l'appréciation, justifiée par Lebas, est de 50,000 piastres f*. Il y a lieu de croireqne cette évaluation n'a rien d'exagéré, puisque l'inventaire dressé par les agents spoliateurs de Rosas eux-mémes en porte la valeur á 15,000 piastres fortes. Affaire THÉODORE 1FFLAND, aubergiste a blenos-ayres. Le 25 mai 1843, entre dix et onzeheuresdu soir, la maison d'If- fland fut envahie par des serenos (gardes de nuit), d'autres agents de la pólice et des patrouilles de milice avec leurs sous-ofliciers, au nombre de 34 individus. Ceux-ci se précipitérent d'abord sur Iffland, qu'ils frapperent ácoups de sabré et de báton jusqu'á le lais- ser pour mort. lis attaquérent ensuite dans leurs lits plusieurs indi- vidus qui logeaient dans la maison, dont trois furent ou tués sur place ou mortellement blessés. La maison fut ensuite mise au pillage. Les pertes éprouvées par Iflland, dans cette circonstance, s'élé- vent, suivant l'état déposé á la légation francaise, á 22,811 piastres 4 réaux, papier-monnaie, environ 7,500 fr., sans teñir compte de la destruction de son établissement, de son emprisonnement, et des blessures qui ont mis sa vie en danger. Affaire BEAüDEIN, propriétaire d'un étabmssembnt rural DANS LA PROV1NCE DB SANTA—BB. Les réclamations de Beaudein, pour une somme de 78,000 fr., pour pertes antérieures au traité de 1840, ayant été une premiére fois écartées, sans rien préjuger sur les motifs qu'il peut avoir d'y persister et de les reproduire plus tard, nous ne parlerons ici que de celles postérieures audit traité. Beaudein, en réunissant ses derniéres ressources, et á l'aide d'emprilnts, était parvenú á repeupler de bétail son estancia. En— 22 — 1842, I'arméebuenos—avrienne, sous les ordres d'Oribe, vint cara- per prés de la et consomma la ruine du malheureux Beaudein, en lui enlevant encoré tout son bétail, et en dévastant complétement son établissement. Cette nouvclle réclamation, déposée aussi a la légation de Frunce, s'éléve a 10,074- piastres fortes, environ 54,000 fr. Nous pourrions pousser plus loin cette nomenclaturc, qui, bien qu'elle comprenne'déjá plus de vingt íamilles ruinées, est loin de vous présenter le tableau complot des victimes de ce systéme orga— nisé de spoliation : combien n'en est—il pas d'autres qui, n'ayant pas encoré tout perdu, craignant de compromettre le peu qui leur reste etjusqu'á leur existente, préférent encoré souffrir en silence, tant surtout qu'elles ne voient pas la France prendre une attitude propre á réprimer et á arréter de semblables excés! D'autres encoré, commercants ou négociants, entravés dans leurs opérations commerciales, n'ont pu souvent, par cela méme, faire honneur á leurs engagements en France. Un grand nombre de cette classe de réclamants se sont adressés á nos autorités, mais sans re- sulta!. Nous ne citerons qu'un seul exemple. MM. PORTAL freres , négociants a buenos-ayres ET A MONTEVIDEO. Aprés le traite du 29 octobre 1840, M. Portal alné, alors juge au tribunal de commerce d'Elbeuf, alia rejoindre son frére sur les rives de la Plata. Outre la maison de commerce déjá établie á Mon- tevideo, ils en formérent une nouvelle á Buenos-Ayres. En mars et octobre 1842, deux navires chargés de marchandises francaises 1 furent expédiés par MM. Portal pour Carrientes. Les droits de douane furent acquittés á Buenos-Ayres, et rien ne paraissait devoir contrarier leurs opérations. Quelques retours par- vinrent sans difficulté; d'autres allaient suivre, lorsque Rosas, sans aucun avertissement, ferina tout á coup la navigation du Paraná. MM. Portal s'adressérent d'abord au gouvernement argentin : ils cxposerent qu'ayant été autorisés á faire ees expéditions, il devait au moins leur étre permis de recevoir les retours, d'autant plus que les ■ Le commerce de MM. Portal consiste en draps d'Elbeuf. Ces draps obtiennent inéme maintennnt, sur les rives de la Plata, la préférence sur les draps anglais qui, jusqu'en 1841, étaient les sculsadmis pour la consommation de la population indi- gene ou étrangere. — 2:5 — cuirs, formant le chargement de retour, étaient depuis longtcmps livrés et emmagasinés. Ne recevant pas une réponse de Rosas, ils s'adressérent á M. de Lurde; mais les démarches de ce ministre pié— nipotentiaire furent tout aussi inútiles. En 1844, en apprenant que leurs marchandises á Corrientes étaient totalement perdues par le long retard, ils se décidérent á exposer leur situation á la Chambre de commerce deParis. La pétition qu'ils envoyérent á cet eflet est du 25 juin 1844, et fut déposée le 18 jan- vier suivant á cette Chambre, qui, dans l'intérét du commerce, appela sur cette réclamation l'attention deM. le ministre des a fia i res étrangéres. La perte occasionnée en cette circonstance á MM. Portal s'éléve á 160,000 fr. Nous ne parlons pas non plus des Francais assassinés et dépouil- lésdans la République oriéntale depuis que son territoire est envahi par l'armée de Rosas : la liste en serait longue encoré. Quoi qu'il en soit, vous voyez par ce simple exposé, messieurs, que propriétaire, négociant, industriel, artisan, aucun Francais, pour peu qu'il posséde quelque chose susceptible d'éveiller la cupi— dité du dictateur ou de ses agents, n'est á l'abri de ces déprédations, accompagnées toujours de cruelles persécutions, de traitements bar- bares, poussés souvent jusqu'á l'assassinat. Ces spoliations si multipliées, et si rapprochées de la conclusión du traite, expliquent comment il en a si peu coúté á Rosas pour souscrire á la clause qui lui imposait l'obligation de payer une indemnité aux Francais précédemment lésés par lui. En méme temps qu'il faisait fixer par une trausaction cette indemnité á la sonóme bien insuffisante d'environ 800,000 franes, ses mesures étaient prises pour la faire payer avec usure á d'autres Francais, et en eflet les déprédations dont nos nationaux ont été victimes dépassent dix fois cette somme de 800,000, franes. Vous le croirez facilement, messieurs, car ríen que la liste qui précéde, tout incompléte qu'elle soit, éléve á plus de 2 millions de franes le montant de ces déprédations depuis le 29 octobre 1840. Messieurs, nous vous avons'mis á méme d'apprécier l'importance et Ies progrés prodigieux du commerce francais sur les rives de la Plata tant qu'il a pu y jouir d'un peu de liberté et de sécurité. Sa décadence a été plus rapide encoré depuis qu'on a laissé prévaloir la puissance destructive du dictateur argentin. Toutefois, ('impulsión— ±\ — de prospérité qu'il avait regué il y n quelques années fui sera i ( promptement et facílement rendue, saus qu'il fut besuin de reconrir a aucun «oyen de nalure á éveiller les susceptibilités des indigénes ou des autres puissances. Qu'il soit bien ¿tabli que la France, en respectant les droits de tous, oe tolérera envers ses nationaux au- cune infruction aux traites existants, aucane violation du droit des gens et des principes d'iramnable équitó qui régissent íout le monde civilisé; que toute atteinte ¡llégale a la libertó et aux propriétós des Trancáis «era promptement et sévérement punie si elle n'obtient une néparation conveuable : bientót tout rentrera dans l'ordre, et le paya lui-méme n'y gagnera pas moins que notre commerce et qoe les résideuts Trancáis. Nous croyons vous l'avoir démontré jusqu'á l'évidence, messieurs, les réclamations que nous avons l'honneur de vous soumettre em- brassent une triple question de justice et d'humanité, de dignité nationale et d'importants intéréts matértefs pour la France. Quelque sombre qu'il soit, nous avons bien plutót adouci qu'exagéré le tableau de nos pertes, de nos souffranees, des outrages prodigues journelle- ment á la na t ion Ira n va i se, á ses agents et á son gouvernement, des préjudices causes a notre commerce. Qu'il nous soit done permis d'espérer, messieurs, que vous ne dédaignerez pas d'employer votre puissante infliience á faire cesser un état de ehoses non moins bles- sant pour notre légitime amour-propre nacional que préjudiciafeki aux intéréts de notre patrie. PaT procuration de Jean-Baptiste Bergeire, — Henri Roque, — lean Roque , — Jean-Madeleine-Auguste Favier et des actíonnaires francais de la Société rurale, —Jean-Baptiste Mntel, —Auguste Lacroix, —Bertrand Bascary, — Pierre Etcheverry, — Auguste Faucon, — Francois Léger, — Jean-Baptiste Lebas,—Théodore Ifiland,—Pierre Beau- dein, et de quelques autres réclamants francais, J. LE LONG. .<>*.* I -.n.:'-,ú Uk í»I iiuiiidi feíiyiittb'Ji.r)!, taa ■!» luí Ifloffl - «iimI Tar procuration de MM. Portal fréres, Ei gene PORTAL. Pour ce qui m'est personnel, P. GASCOGNE. ímprinwrle fle HKNWdVKn-ét TURPIN, rué Lempirier, H Bstignotles. i