GOMPTE - RENDU d'une Leeture faite au Congrés Scientifiqae de Norwich A PROPOS DE LA GUERRE DU P4 PJ\.R Jvf. lilJTCI-IIN.SON, Cónsul de S. M. B. a Rosario. V Dans une leeture tres étendue, faite par M. le cónsul Hutcliinson a la .section géo- graphique du grand Congres scientifique de Norwieb (Augleterre) , le 21 aofit (Britisb assoeiation), cet écrivain distingué aimonce son nouvel ouvrage sur les con- trées du Iiio de La Plata (t). Les jourr.aux en ont rendu eompte in ertenso, et no- tamment le Daily post de Liverpool, des 25 et 26 aoút dernier , sous le titre : la Guerre du Par depois trois ans , comme sur ¿n pivot fatidiqne , la guerre du Para- guay (et M. Gould le reconnait ) qui ensanglante depuis lors les eaux dil Pa- raná, et c'est le Paraná lui-meme que M. Hutchinson vient présenter k ses lec- teurs. Nous ne ferons done pas la inoindre injustice ni au diplómate, ni á l éerivain anglais , en présageant qu'ils seront d'une opinión diamétralement op- posée sur ce point — l'indépendance de Montevideo — et sur toutes ses consé- ([iienees logiques. Nous en avons pour ga- yan t la baúte indépendance de caractére que tout homme qui a beaucoup voyagé puise ( lorsqn'il a su observer ) dans le gnmd livre de la nature et de rbuniiunté, dont les enseignements ne faillissent ja- Tiiais, íi l'instar de tant d'autres dires , fe la vérité pnre et simjtle — rara avis. — A ce sujet, M. Hutcbinson a fait ses preu- \es dnrant ses longues années de voyages etd'observations savantes et útiles; tan- lis «me M. Gould semble en étre fe peine i'iieore aux premiers rudiments de ses études sur le Rio de la Plata , et sur- tout loin encoré des observations que tout esprit grave puiserait dans ces études. Son style le démontre et sa logique le confirme. Dans l'état désnstreux des affaires du Rio de la Plata, rien ne pouvnit done étre plus heureux que l'apparition du livre de M. Hutchinson. parla raison que, puisées a la source des faits»piéines, ses assertions porteront le cacbet de la réalité, avec d'au- tant plus de raison qu'il se trou— ve libre de toute attache personnelle , ce qui lui donne nn incontestable avan— tage sur M. Gould. Aussi espérons-nous beaucoup, sous ce rapport, de Toeuvre fe la fois courageuse et recommandable d'un fonctiominire qui se voit obligé de s'ins- erire implicitement contre laligne de con- duite suivie par les diplomates de son pays, s'il veut rester dans la véritó míe des faits. Or, nons n'attendons pas moinfl de l'indépendance bien connue du carac- tére de M Hutchinson. Pour préparerles voies fe l'enti-ée de st>n nouveau \ixre dans le monde, l'auteur, en tacticien habile, en appelle tout d'al>ord a ee constant désir d'apprendre,cpji carac- térise las sociétés savantes. Ainsi il fait, le 24 aoftt dernier, une leeture a la section ethnologique et une plus complete encoré a la section géographique de ce grand congrés scientiBque qui vient d'avoir lieu a Norvich (Srishsh A^socéation). Ce tra— vail pré])ar»ítoire i^st sm-tout remarquable par les détails topograpbiques, minutieux et le plus sotivent rigoureusenient exacta qu'il renferme, ainsi que nous pouvons le constater, au moins pour les nombreuses localités y désignées qui nous sont person- nellement connues. La peinture en est si vraie, sifrappante, qu'en lisant le récitde M. Hutchinson , nous refaisions, de íjísu, une foule de nos propres ])érégrinations dans ces belles contrées. Seulement il s'y e>t glissé des omissions et une trés—légére inexactitude hydrogrn})hique que nous signalerons en passant. Avant de décrire-les beautés fluviales, M. Hutchinson fait , en sa qualité d'An— glaáa, une excursión sur le littoral argén— tin de l'Atlantique, dans le but évident. de redresser la grosse erreur qui a amené l'insuccés de la colonisation du Rio—Chu— pat, par 4-3" 20' 30" de latitude sud. Nous suivronsM. Hutchinson dans cette péré— grination sur le littoral Atlantique, au sud de Buenos-Ayres, ]>our y relever les in— téressants augures qni touchent aux puis- santes destinées inaritimes réservées á ce pays, et dont les gouvernements da Bue- nos—Ajres se sont malheureusement si peu préoecupé jusqu'ici. Nous avons dit ailleurs (voir le Paraguay moderne , pages 4 84 á 406), tout ce que méritait d'atten— tion ce littoral maritime ; il sera curieux de voir notre diré implicitement confirmé par les details géographiques que révéle ou qu'inspire la deseription qu'en fait M . Hutchinson. On sait que les Anglais font dater la découverte de Rio—Chupat du voyage d'exploration fait en 4833, sous les UP&fea du lieutenaut Wickham R.—N., et que ce n'est qu'en 4865 qu'un groupe d'hal)itants du pays de Galles sont allés y préparer l'établissement d'une colóme. L'erreur de cet exploi*ateur. reproo'uite par M. Wf>od— bine Parish, consiftait a diré que ce point du littoral patagonien était boisé, excep— tion rare sur cette c6te inhospitaliéiv; tan- dis qu'on y voynit a peine quelques saules sur les borda du fletiw. Ans.-i. dit M. Hut- chinson, le capitaine Watson, seoond se- crétaire de la légation bri-tanDique á Bue- nos-Ayres, envoyé sur les lieux pour con- í r :nattre l'état vrai des choses , écrivait—il en 4 867 : ■ L'article doot le manque se fait le plus sentir est le bois...» On peut done croire que cet essai d'une eolonie anglaise sur le littoral sud du con- tinent américain fera cesser les alarmes du Congrés argentin , qui avait refusé sa sanction a cette entreprise, et aussi les reproches sévéres qu'il adressait, plus tard, au pouvoir exécutif, pour avoir passé ou- treá ce refus de sanction. ( Séance du 21 juillet 1866.) Aurés cet incident longuement motivé, M. Hutchinson proméne le lecteur le long de la cóte , en revenaut vers La Plata et en s'appuyant sur l'ouvrage de l'amiral Fitz-Roy « Voyageet aventures du Deagle, » [ navire que commandait cet explorateur. Seulement on est étonué qu'il ne dise ríen des deux points intermédiaires qui ont, á di verses reprises, appelé l'attentioii. L'un est la presqu'ile San-José, oü de courageux aventuriers ont tenté de for- mer un établissement, qui n'apu résister j assez lougtemps au manque d'eau et de i bois, probablenieut faute de ressources ! suffisautes pour donner le temps et les moyens de pousser plus avant de sérieu— ses reeonnaissances. En effet, il nous sou— vient avoir entendu, voila bien long-- temps, M. Murgiondo (connu par le sur— nom du Manchot), raconter ses aventures dans la presqu'ile de San-José. II disait la l>aie trés-belle , le eliinat tempéré, le sol couvert de páturages fort abondants; et assurait y avoir vu de nombreuses trou- pes de groa bétail devenu sauvage. Cette derniere circonstance une fbis avérée, nul cloute qu'on ne trouvdt de l'eau dans la presqu'íle. En efFet, le paturage naturel pourraít, íi la rigueur, recouvrir un sol aépourvu d'eaux courantes, méme saus le secours de fréquentes pluies, comme il arrive sur cette cóte, vu que les rosées y sont puissantes ; mais Ja présence du bé- tail, si elle est constante, indique uéees— sairement l'existence d'eaux permanen- tes dans les environs, fftt-ce méme á la distance d'une ou plusieurs lieues á la ronde. Que ees eaux soient courantes, [>rovennnt de sources, ou en dépótdans es laguues, leur existence est certaine, s'il y a du bétail, et cette certitude nous la puisons dans les moBurs ménie du gros bétail dont le modus civendi suit des lois fizes et réguliéres dans son état naturel, qu'a tort nous appelons sauvage. Ce tort s applique surloat k l'étonnante sagacitá que déploie le cheval pris a l'état de na- ture. Ainsi, il est un type de l'autorité et du commandement, dans l'ordre de 1 la création des quadrupédes, et développe les plus nobles qualités, dans l'exercice de sa \'ie de famille. Eh ! qu'on ne pense pas que cette qualifícation soit hasardée en parlant des animaux ; plusieurs d'entre eux , hélas ! pourraient donner des lecon.-¡ h l'homme, en fait de dévouement et de consécration au bien-étre de la famille... II faut étre retournó en Europe, apré-^ avoir vécu longtemps loin des sociétés humaines, et au milieu de la prairie américaine oü végétent des millions de bestiaux, pour étre pénétré de cette triste vérité. Toutefois, sans nous jeter dans une tbése de phiíosophie anímale , nous pouvous bien fancer cette boutade a. nos miséres sociales que chaqué heure du jour révéle par tant d'issues, et sans solu- tíon de contmuité. C'est en raison - des lois auxquelles obeit le bétail k l'état de nature , que nous persistons a, espérer que de nouvelles in- vestigations pourront faire trouver les eaux qui existeraient nécessairemeut dans la presqu'ile de San—José, s'il était avéré que le gros bétail y subsiste á l'état per- manent, ainsique l'affirmait M. Murgion- do. Or, l'eau trouvóe, ce point deviendrait une trés prócieuse escale pour la naviga- tion sur ees cotes désertes, et un puissant point d'appui en vue de leur colonisa- tiou. Une aulre localité trí'S intéressante et que ne sígnale pas M. Hutchinson , sur la cote, au sud de Buenos-Ayres, en ou- tre de la Laguna-de-los-Padres et dans son voisinage, c'est le grand envahisse- ment de l'Océan dans les terres , connu fious le nom de Mar chiquita ( mer petite). Ce vaste sinus ou cette lagune est situé par 37° 50' lalitude Sud, c'est - k - diré a une distance presqne égale du cap Sain- le-Marie et du port de Bahía-Blanca. Ou ne connait pus les sondages du goulet é- troit qui le fait communiquer avec l'O- céan ; on ne sauraitdire si c'est une dé- pression du sol que la mer aurait envahi sous l'empira de la tempéte , dans une grande marée ¡ inais le fait est la , aussi vieux que la découvertede l'Amérique, et il appelle en vain l'atlention de Bueaos- Ayres sur cette cóte de l'Atlantique s¡ pré- cieuse pour 1'avenir de la domination ma- ritime que Buenos-Ayres est appelé a y exercer. Le Brósil , moins inattentif aux chan- . ees qui pourraient lui échoir , semble I avoir son atteution portáe sur co point, de- ■ puis que le barón Mana , le puissant fi- cancier, avait acquis ou protégé de 6es ressources les vastes territoires de M. Le- sama, voisins de la lagune de Ios-Padres. 1 et de la Mar chiquita. On se demande j méme si cette entreprise privée fut la cau- | se ou l'efFet des attraits de ees localités I précieuses au point de vue d'une procbai- ! ne ou possible colonisation. II faut lais- j ser au temps l'explication de ees soup- i eons, peut-étre sans fondemeut ; mais les íes événements qui se déroulent, depuis j trois ans, au Rio de la Plata , autoriseut malheureusemont des suppositions méme hasardées. C'est pourquoi nous insistons sur ees deux omissions dans le récít des- criptif que M. Hutchinson afuit du litte— ral argentin sur l'Atlantique , depuís le Rio Chüpat jusqu'au cap Saint-Antoine , qu'il aecuse, avec raison, de n'avoir au- j cune des proportions géologiques propres k annoncer le grandiose Rio de la Plata. II en dit autant du cap Sainte-Marie , aussi peu saillant sur la rive gauche ; mais les alluvions amenées pendant tant de siécles, et par une nwilfl aussi consi- derable que celle des eaux de la Plata , ; reconuaísaables sur la sonde située á -30 1 lieues en mer, ont bien pu entasser Ies li- mons k l'embouchure, aux deux cótés du ; courant principal , jusqu'á égaliser les bordapresque au niveau des eaux. C'est j ce qui expliquerait le peu d'é'évation des ¡ caps . surtout pour cerni de la rive droite, | qui est, dans toute son étendue , de puré alluvion. Quant k la rive gauche, sol gra- nitique mícassé et trés-méíé de gres de di- verses sortes, ainsi que de quelques quartz, il s'éléve presqu'aussitót des deux cótés du cap Sainte-Marie, k l'Est, parles roches de Castillos , prés ia frontiére du t Brésil, et a l'Ouest et Nord-Ouest, parla j montagna de Maldonado, connue sous le nom de a pain de sucre », dernier pitón , au Sud-Est , du contrefort oriental de la Cuchilla grande qui descend des hautes terres du Brósil. Mais laissons ees questions aux hydro- graphes et aux géologues etsuivons M. Hutchinson dans aes intéressante* pérégri- nations, en remontant le vaste estuaire de la Plata et ses majestueux affluents. D'a— bord il dépeint la cóte de Montevideo avec toute l'exactitudeque donnent k son diré les excellenta documents sur lesquels il s'ap- puye, et notamment sur ce qu'on peut ap— peler l'histoiro du territoire de l'Uruguay, par Don Manuel de la Sota, ainsi que la récente carte du colonel Reyes, qu on peut regarder comme des travaux originaux aux quels tout écrivain enipruntera les plus süres données pour réparer d'ínévitabies omissions , dans une description órale. Ainsi nous sigualerons celle des rivíéres Rosario et Sauce quise jettent dans la Pla- ta, comme celle de Santa-Lucia. II n'en est pas de méme pour celle de San-José, com- me le croit M. Hutchinson. En effet, San- José se confoud avec Santa—Lucía avant d entrer dans la Plata ensemble. Or, le3 riviéres Rosario et Sauce ne sont pas in- férieures en volume d'eau aux deux au- tres prises isolément uvant leur jonction, et elles servent parfaitement au mouve— ment d'un cabotuge dont l'activité s'ao— croít de jour en jour. Nous laisserons done M. Hutchinson dé- crire succiuctement, d'aprés de si bons maí- tres, le territoire oriental de l'Uruguay , d'une superficie de l.O'.iú lieues car— rées , plus 2,400 cuadras ou carrés de 100 varas de cOtés , d'aprés la carte Reyes (tandis que la cuadra do Bue- nos-Ayres a 150 varas de cótés); mais non comprís , sans doute , les territoires neutres qui le sép.irent du Brésil. Ce petit pays si joli, si fertile, si sain, qu'il en a mérité le surnom de Joyau de í'Ainérique duSud, a pour capitale Montevideo, fondee en 1725. II compte , aujourd'hui, environ 300,000 habitauts , dont plus de la moitié sont ótrangers , la plupart italiens, espa— gnols et basques franjáis. En traversant la Plata, de Montevideo vers la rive droite qui est basse jusqu'a la Ensenada, on y trouve la baie de ce nom, formée par un renfoncement du fleuve dans les terres. Ce qu'en dit M. Hutchin- son est tellement neuf , qu'il faut lui en laissei le mérite de la primauté , en le traduisant littéralement. « De Montevideo a Buenos-Ayres, nous « trouvons 130 milles, mais jusqu'á l'En- « senada, il n'y en uque cent Cette baie a « été explorée par M. Huuter , comman» dant le navire Doloatl.de la marine roya- « le, et cette exploration a été publiée par « l'Amirauté, carte n° 2,231. On a beau- « coup parlé des avantages que présen- « tait l'Ensenada córame port principal a pour Buenos-Ayres, et en mars 4 803 le a g"ouvernrment provisoire fit nn contrat a avec le célebre et énergique M. Wheel - « •wright pour la construcción d'un che - a min de fer de Buenos—Ayres au port de « l'Ensenada. Quoique la distanre, entre « ees deux points, ne soit que do vingt- ■ huit milles', eoit neuf lieues et un tiers « marines, il n'en a été fait jusqu'ici que « quelques milles, a. cause de l'opposition « élevée par quelques monopoliseurs de la ■ localité; ce qui est d'autant plus re- « grettable que le inouillag°e devani liue- ■ nos-Ayres n'est ni sur, ni abrité. II est, « en outre , sana profondeur jusqu'á une u distance de dix milles k partir du riva- « ge. Enfin il présente d'autres incon- « vénients, tuls que une forte, «lépense et « de grands retarda pour décharger les « navires d outre-mer, au moyen de petits « bateaux. Comino corollaire de ees in- « convénients , on est souvent trois mois « pour charger ou décharger un simple « uavire de 250 tonneaux. « La baie de l'Ensenada, m'óerit M. Co- « ghlatn ingónieur civil de Buenos-Ayres, k présente au contra i re un bassin abrité a par des rochers ou des talus commencant ci & la pointe Santiago ou San—Yago, uvec deux milles de long , une ean profonde et six cents á huit cents pioda de large courant tout autour, pros du rivage, des deux cótés de la baie. La profondeur va- rié de douze k dix.—sept pieds dans les bassea eaux. La baie , aprés les eaux profondes , a environ trois milles d'ex- tension . mais k partir du clienal propre au mouillage , elle est peu profunde et coupée de bañes de pierres tendres. L'en- trée est large et sans obstacles autre que la barre sur laque!le la profondeur de l'eau, dans les basses marees, est encoré de huit pieds. Le courant y est irrégu - lier et principaleraent influencé par lea vents. II est reconnu que des navires d'un tirant d'eau de quatorze pieds sont entrés dans le port de l'Ensenada , lora du blocas francais k Buenos-Ayres, épo- que 011 l'Ensenada se trouva tréa fró- quentée, en raison de ce blocus. « Au dehors de la barre existe un mouil- i « lage spacieux, avec un fond exeellentet ! « abrité du Sud et du Sud-Ouest, lea seula « vents qui peuvent amener des tempétes I « dangereuses. Dans ce mouillage, tout « navire s'y tronve dans une bien pina « grande sécurité qu'á Buenos-Ayres ou I « méme k Montevideo, et surtout bien plus I • prés du rivnge, en attendant de pouvoir I « traverser la barre , ou d'étre allégó, si i « c'est nécessaire. lTne carte de l'Ensenada « fera voir la différence comparative de « ees divera mouiüages tela que leí a four- '< nis la nature; etdu reste Buenos—Ayres •< est trop bien counu pour avoir besoin « d'étre décrit tai. « Une autre grande carte de cette pro- « vince , dressée par lea soins du bureau a topographique , fera connaitre , d'autre « part, les noms des propriétaires terriena I « de la province , en démontrant ornbien <> l'élément étranger s'aceroit de jour en « jour daña cette par*ie du monde. « En remontant la Plata, depuia Buenos- « Ayres, et á la distance d'environ vingl « milles, on arrive a la base du Delta i]u « Paraná.» Nous laisserons If. llutohinson a l'em— bouchnre de ce grand Delta, que nous avons nous—móme indiqué sous le nom indigene de Carapachaí, comme décrit poétiquement par M. Sarmiento , d'aprés les études ap- profondies de M. Marcos Sastre. (Voir les j Oiages de DuraMMO, p.38.) Seulement nous j aífirmerons, comme M. Hutchínson, que le sommet du Delta s'arróte préa de San- Pedro , á 30 lieues marines ^90 milles) de sa baae; et c'est ausei l'opinion de M. Per- kins , contrairement á celle du capitaine Page U.-S.-N., qui voudrait porter aa hau- teur jusqu'íi la pointe Diamante, h 178 mil- ¡ les géographiques, et '243 par les détours du fleuve. Trompe, sana doute, par la longue i série des Síes du Paraná , le capitaine Page ! n'aura pas tenu compte du changement de ' direction du courant qui , au-dessus de I San—Pedro, incline ou plutót arrive sensi- 1 blement du Nbrd, ce qui enléverait au Delta | porté jusqu'á la pointe Diamante, la recti— tude de ses angles , ainsi que l'observe M. i Hutcliinson. A notre sens, lea sociétéa de géographie | auraient raison de fixer ainai , d'un com- mun accord, lea limites du grand Delta ! paralicen , »fin de 1 ti i conserver le carac- ! tére d'originalité qu'il a reeu de la nature I elle-móme. En efTet, au-dessus de San- Pedro, le courant du Paraná, formant une courbe prononcée venant duNord.donne au pays les apparencea de plus en plus sensibles des contréea tropicalea, ce qui enléve aux chosea et aux hommes qu'on y trouve lea allures plus vives , on pour- rait diré moins nonchalantea , de la zóne tempérée qui semblerait s'arreter a San- Pedro. Toutefois , rien n'empécberait de constituer un nouveau Delta qu'on appel- lerait du Nord, en prenaut j>our base la ligue de San-Pedro, s'il est vrai (ce que nona ue pouvons affirmer) qu'á partir de ce point, le nombre et la proximitó dea tles l'une de l'autre puisse donner ce caracU-re des lagunesde Ventee, que nous a rappelé le Delta, qui serait alors désigné comme delta du Sud, depuia les embouchurea du Paraná et do PUruguay, qui en formen! ia base, jusqu fi San-Pedro comme sommet. Lea longa et trés intéressanta détaila que donne M. Ilutchinaon, tant sur la na- vigabilité des divers canaux du Delta que sur l'aboutissant obligó dés transports flu- viaux au railway grand central de Rosario & Cordova, sout trop techniques pour étre résumés; il faut lea lire. Maia 0B peut croire que l'auditoire de M. Hutcliinson, h Norwick, aura été cbarmé autant que snr- pris de parcourir, en un quart d lieure, b- millier de lieues que déroulait bi leurs yeux la vive parole de M. Hutchinsoa , en sui- vant les lignes tracóes par les ingénieurs Campbell et Pompey-Moueta , lignes qui recoiveut un coinmeuceincnt d exécattoa sous l'habilfl direction do M. Wheelright, par l'ouverture du grand central railway partant du port. do Rosurio, sur la Paraná, pour aboutir provisoirement a Cordova. Il fautdire provisoirement, car óvidumment Cordova deviendra la tote des ligues que l'aveuir Terra se formar, pouf rayonner, sur dea centaines de lieues au N.-E. jus- qu'au dernior territoire argentin de Jujui. [90AU les ordresd'un sous-gouvernour dé- légué du gouvernement de Salta, ot limi- trophe de Bolivie) ; au N.-O., jusquesau col de San-Francisco , pasaage des Cordi- lieres qui couduit au port chilien de Cal- dera , sur TOcéaii PaciBque , et a l'O. jusqu'á un passage plus aisó et moins éloigné , découvcrt depuia peu , dit M. Hutcliinson, entre San-Juan et Meudoza, et par conséquent pina rapprochó de Val- paraíso. Ces trois voies , traversaut les provinces du Nord , feraient arriver leurs riebes produita á la grande artere ferréo de Cordova a Rosario, oü les navires d 'outre- mer, d'un tirant d'eau n'excédant pas 16 pieds, les recevraient pour les porter di- recteoient k tous les points du globe. M. Hutchinaon cite, entr'autres, deux navires fraudáis jaugeant plus de 600 tonnes et tirant 16,3 et 40 pieds 6 pouces francais, ayant dóposé leur chargernent sur le mole de Rosario en moins do quinze joura , au mois de janvier 1865. II cito aussi la bar- que américaine Wr.iiham, de 5!)7 tonnes, ayant plus de 700 tonnes de poidset tirant 17 pieds anglais, dóchargóe et rechargóe dans l'oapuco de treute-un jours , enl'an- née 1859. Ces faitspratiques n'ont rien que de fort naturel pour ceux qui ont vu, comino noua, dí*s 18.">5, les pavillona dea principales nationsmaritimea, dauslo port de Rosario, opérer ré^uiióremont, quuique moins aisé- mont, eos méines travau.x, avant la cons- truction de tous móles. Síous l'avons dit nous-mémo en 1837 : o Cette oeuvre (le mólo), entrepriae par M. Hopkina. eat due au.x com marcan ta de Rosario qui l'ont faite par ■onsCTÍption. » ( Voir le Paraguay tno- derne. — Documenta, pag. xxxvin). La navigabilitó du Paraná pourde grand>- naviresde commerce ost un fait bien ac- qnis, et il prouve toute t'importance de ce port. Mais ce qui ost moins connu et non moins important] c'est que, Le rail-way central do Cordova ne sera , avec lo tonipa , que la tete de lig-uc dea voies ferróos de l'intériour du pays argentin, de móme le Rosario ne sera que le premier des porta nombreux que le oorninerce étran- ger fréquentera, avec le temps, sur les rives du Paraná, puis sur celles du Pa- raguay !.. Le Rosario n'est done, h notre sens, i|ur la promióre étape du commerce maritinie vers 1 iiitérieur de l'Ainérique du Sud ; et, pour ne parler ici que do la rive droito du Paraná, ou peut lui proinettre autantdo ports nouveaux , aussi pourvua d'élómeuts de prospóritó que le liosario lui-meme , qu'elle oompte de puissantes riviórea, deacenda.it de la creta des Andes. Ainsi, Santa Fé, á 30lieoes piiM haift, sur rembouchure du Salailo (du Xord). ainai, lea ports qu'att-mdent lo l{io-Vormejo,et le Pilcomayo , dóbouchant l'un et l'autre, dans le Rio-Paraguay, et tant d'autres points iutormédiaires sur la 00 te du Chaco, qui inlérossent vivement les provincesde Cordova, Santiago, Catamarcs. Tucu- man et Salta ! En aecompagnant son auditoire sur les ligues tracéos par les ingénieurs Campbell, protégé par M. Bushental en 1856etPom- pey Moneta, celui-ci. sous les ordres de M. Wheelvigbt, en 1866, M. Hutcbinson n'a révéJé que les futures prospérités du Nord a l'Ouest du pays argentin ; et cependant il ne craint pas de diré que ees entrepri- « ses seraient. des plu.s bienfaisantes, des plus importantes et des plus avantageuses de notre temps, au double point dé vue du comraerce et de la civilisation, >■ et il a grandement raison! Mais que serait-ce s'il avait ajouté que,en suivant son examen depuis l'Ouest jusqu'a Textréme Sud des Pampas, il y trouverait autant d'élémonts de travail et de prospé- rité que ceux qu'il ;i signalág depuis l'Ouest jusqu'au Nord ! Sana doute, M. Hutcbinson a craint de faire croire qu'il exagérait les ressouroes de- l'inunense rontrée de la Plata ; et puis il n'uura pas voulu fraucljir les limites qu'il imposait íi sa lecture, en l'intitulant : l'p the rivers and throuyh same territories of the la Plata districts,in South America. Evidemment le liautdes riviéres et guelques territoires des distríctsde la Plata, ne permettaient guére :i If . Hutcbinson d'appelerl'attention deson auditoire vers l'extréme Sud du continent. II avait, daillours. pour objet principal de la concentrer sur les eontrées du Nord, notamment sur les événemenls qui s'y développont, depuis Irois ansetplu?, par STiite de cette guerre monstrueuse eontre le Paraguay, qui a frappé de stupeur l'Euro- pe méme, dans sa COOpabla indifférence, devant les résultats dont elle manare les intérftts coiiimcrciaux et maritimes. Nous imiterons done la ré.serve de M. HuTehinson , avec d'autant plus de raison que nous avons donné BOUS—mfime un apereu de l'attention que mérite l'extréme Sud du littoral argentin , dans notre rap- port a, la Société de st atistiqtie de Marseille i' faseicule de 1867) sur le fíejtstro Esta- dístico de la République argeniine. Posó a Cordova , centre du pays argen- tin. M. Hutcbinson faitrayonner l'éclatde sa parole vers cbacune des provinees du Nord a l'Oiu -4, avec tant de concisión pour une si vaste étendue de territoires , qu'il n'est pas possible de l'analyser ; nous cite- rons en partie : « Depuis que la terre ar- « gentine est connue , Ck)rdova a été re- « nommée pour ses mines d'or, d'argent , a de cuivre, de plomb et de mercure. Ony o trouve des gisements tres considérables o de marbres (pierre a chaux) , mais jua- « qu'ici on n'a pu découvrir aucune trace « de houille. .... « A la suite de la province de Cor- « dova , ou trouve celle de Oatamarca, « etc. » Ici M. Hutcbinson mentionne notre pro- pre Mémoire , publié dans le Bulletin de la Société de géograpbie de Paris , avec des détails circonslanciés sur cette province, et dont sir Roderick Murcbinson parla, est-il dit , avec éloge , a l'aesemblée générale de la Société royale de géograpbie de Londres, le i'3 r.iai 1864, ce qui nous empache de nous y arréter. Puis, M. Hutcbison con- tinué : « En debors de Cerdova et de Ca- « tamarea , tontea les provinees au Nord « et a l'Ouest , telles que Santiago-del- « Estero . Tucuman , Salta , Jujui , Men- « doza , San-Juan, La Rioja et St-Louis « abondent en r;cbes minéraux <>0 milles au del*» duqnel la cataracte d'Apipo empPcbe tonto navigation dans le Haut- Parana ; ici noustraduirons littéjalement : « Le dernier explorateur de cette cata- u ráete a eté le cnpitaine Page. de la ma- ; • riñe des Etats Unis, en 18.">4 , 1 í*;>¿>, « 18.'i6. Le fort Puraguay n d'Itapiru e.-f J v situé sur la rive droite du Paraná k dix i « millos du confluent. Vis- a—vis d Itapiru ! « est le Pavo ou gué de la Patria, sur la j « rive de Corientes, ofi l'on remarque une ' << forét de trés-grande boauté, imitant ce i « qu'ot» peut appeler un vaste pare. Non ¡ « loin de la, mais j'en ignore la distance , ; o on trouve un véritable lac d'cau cbaude, ' « et tellernent cbaude en vérité, que des « offieiers Brésiliens, venus pour s'y bai- ' « gnor. n'eurent que le temps, aprés s'y a étre j)longés, de se sauver bien vito, « pour no pas étre ébouil/a>ité* (boiled). a Tout le long des deux rives du Paso de « la Patria jusqu'á une distance considé- • rabie, apparaissent de tres-nombreuses c masses ou pitons de basaltes et pierres « forrugineuses. La cote Paraguyenne, « depuis Itapiru jusqu'a tres bocas (oü a nous avons vu le Paraguay déboueber « daos le Paraná, dont le volume d'eau « s'on trouve consid¿rabletneut augmen- a té), parait couverte d'nne végetation « impénétrahle et généralemenl élevée. « Elle est formée par un hauL talus bordó « d'tine voie ou ceinturo blancbe qui le « sépare du coursdel'eau. « Au-de-sus de son confluent avec le o Paraná, le Rio Paraguay a été le tbéa- « tre do sanglantes rencontres entro les « armées et les flottes combinées du Brésil et des Rópubliques Argentine et « Oriéntale contre le Paraguay. « Je dois 111'ab.stenir sur ce sujet, dans « cette loctnro purement géograpbique, « mais mon livre actuellement sous prosse « k Londres, impriinerie Stanford, devra o jeter quelque lumiére sur loa incidents « de cette guerre, car j'ai ététémoin d'une ■ foule de ees incidents. « Remonlons le Rio Peraguay en pas-— to — « sant devant la batterie de Cunizti et les « forta de Curupaity et Humaíta. En f¡tc¿ « de ce dernier débouche la riviére Ver- « mejo, née dans lea Andes, aprés un long « parcours íi travers le grand Chaco et c partie de la province argentine de Salta. « La derniere exploration de cette riviére « a été faite par M. Lavarello de Buenos- « Ayres(l) en 18(>i, Loraqaa 1« premier « ministre da gouvernemcnt un lio n al « Argenlio, M. liawson offrit une sub- « vention et d»»s priviléges qui ne furent « point agréés (sans doute par la Soeiété « de navigation de Salta".'). Sur la rive « gauche de Vermejo, mais jene puis diré o a quelle distance de son emboucliure, • est établie une petite coloide qui a pris « le nom de ville Uivadavia. ■ Au delá de l'Etat du Paraguay , la « riviére a été explorée , ainsi que divers « de ses affluents , dans le Matto Grosso, « district brésilien. En 1858, un Italien, « le capitaine Bossi , s'avanca dans quel- '< ques affluents du Paraguay. venant des « montagnes de Matto-Grosso, et íl assure « que quelques-uns des affluents supé- « rieurs du Paraguay partent d'une ori- « gine 'watershed; qui leur est commu— « ce, á quelques lieues seulement do dis— « tance, avec d'autres aílluents supérieura « de l'Amazone, cette nutre grande arlére « fluviale du continent sud-américuin. « (C'est la, du r' ! torride du Sud ei la moitié de la zóne tam- | pérée. Ceci veut diré , commercialernent i parlant, que le sucre, le cotón, le cafó ine- I me, puis Viudigo , le riz , la cocheuille et I cent autres produits naturela peuvent ót:-í; transportes par ce* eaux. bienheureuse.-> sur les borda de la Plata , c'est—si-dire sous un c'iimat dea plus cléments du monde, i La , les navire-s d'Europe les recevront, | sans craindre les fiévres ou le vomito ne~ \ gro des rivages tropicaux de l'Amérique — U — D'autre part, la prairie de la Plata, au- jourd'hui solitaire, est appelée a. devenir j l'nn des greniers dn monde auquel elle i offre, en attendant, la viande de ?es mil- lions de bestiaux , sous hi forme de l'ex- trait de viande que le génie bienfaisant du barón Liebig a trouvé le mojen de propager. La Providence ne pouvait aceumuler ! plus et de plus riches ressources sur un point da globe que celles dont la Plsita est ! dotée. (^n'attendent les trsivsiilleura pour aller reinuer ees élénients de bien-etre? (Jsi'at- I tendent les ca|iita^ux pour aider les tra- | vailleurs ? Nulle j)sirt autsint de mines plus sftres méme que des mines d'or, et pour lea exploiter, point n'est besoin d'endurer les íoutfrances légendsiires du travail des 1 mina*. De grands steamers pour los trans- porta d'Europe, dea petits pour le remor- j quage dans les riviéres , des cheinins do > far et siutres, dea ponts, des csinaux, etc., i telfl sont les instruments que demsinde l'Amérique du Sud pour reniplacer le f si - , bre qui décime sa population trop insulfi- sante. par la charrue qui la décaplera en attendant de la cenfupler. Car le travail- leur d'Europe accourra dans ees belles contrées, comme il arrive á chaqué pé— riode qui voit régner la paix aprés les longa üésnstres de la guerre. Et ees en— fants de l'Europe , perdus pour eon foI dégag-é des millions de soldats consonuaa- teurs improductifs, ne seront pas perdus pour la prospérité de la inére-patrie. Au contraire, ils lui deinanderont besiucoup plus de ses produits pour les consommer, en échange de ceux (pie leur travail aura conquis sur le sol d'Amérique , depuis qu'ils y seront devanas producteurs eux- mémes. Beaux r#vaa, dira-t-on... Nous lea don- nona pourtant, tels que nous les inspire le tablean tracé de ínsiin de maitre par M. TIutchinson , en démoutrant, ce qui du raata était conmi , l'union possible das sources de l'Ainazone. avec les hauts af- fluents de Isi Plata.EPILOGUE Depuis que M. Hutehluson a fait sa lec- tnre, les événemcnts se sont prérintés au Rio de l.i Plata . non vers un dénouement, mais vers une extensión de désastrcs et de ruines qni feraient croire íi l'anéantisse— nient .le la nationa'ité paraguayenne, pour ceu\ qui snpposent ce résultat possible avanl qu'il n'exi.-te plus ni un hoinme, ni une femme, ni un seul enfant nés sur le sol du Paraguay, comme disent les Para— gunyens. Celte héroi'que hyperbole de tout un iiru/'lc-hnlofd-.st". se laissant, de propos déübéré, écraser sous le char de la civi'isa- lion et de la liberté que leur apportent les alliés.... n'a qti'un modele dans l'liistoire d'Amérique : c'est leinot sublime deGua— timoziti. au pied du bueher qui allait le dévorer. II est vrai que les l>ienfaits pro- mis par les envahisseurs du Paraguay sont encoré ca-.hé3 dans les uavires cuiras- sés du Brésil, qui vomissent le fer et la mort, ees lúgubres précurseurs do civili- s-ition et de liberté..... Aussi les Para- j gfmyeu, pea confiants, répoo lent-ils ■ rette promesse par l'abn'gation la plus complete de leur vie ! Est-ce que tant ¡ de saug et ile ruines ne fon» pas tressaillir d'liorreur toul eoeur honnéte? L'abandon d'Huinaíta et de Tébieuary (si ce dernier est vrai). aprés trois ans d'echee pour les alliés, peut-il .signifier au'iv chose que le comniencement d une longne ruite de guerillee, toujours ¡>lu9 terribles et redoutahles pour l'agresseur que pour l'envabi ? Et crt du président Flo- res, assassiné en pleine rué de Montevideo par si\ bommes masqué*, et l'e\-président Berro, ég Tgé dans le cabildo (la mai- rie), le méme jour, sont autant d'énig- mes a deviner. Et c'est alors que tous les habitants du Rio de la Plata se léveronten masse pour courir sus aux Brésilit-ns. La guerrilla, descendant du Paraguay, enveloppera l'iinmense frontiere du Brésil d'une cein— ture de ruines dout le premier eft'et sera un violent atTranehissemant de ¿es Iroís ou quatra millions d'eselaves; d'ou pourr.a naitre un nonvean St-Doaiing-ue, miissur 2ol> rnille lieues de superficie ! ! Quant on songj qu'un gouvernement jusque-lá assez sige pour éviter tout-! ac- tion au debors , en ne songeant qu'aux amélioratious intérieures, a pu s-i lancer dans pardilla aventure , on se demande si la mouarchie u'est plus viable dans l'Ainé- rique, pala pi'uu tel aveugleuvint est venu frapper Pulique rmmarque ne sur le sol américain? Que le Brésil y réfléjhisse , nous le ró - pétons avee priére, avi'j supplicatiou, car voici ce que dit M. llii'.cbinson dans son livre « Le Purain, » publió depuis sa lee- ture au eongrés de N >rwich : « Lesjour- « naux du Paraguay aífirment qu il est « ridicule de suppoi quis au moyen du blocus du nos ri - i r vagas! Telles sont les déterminations « (statements) des Paraguayeus ; non les « miemies ; » dit M. Hutchinson [Paraná, p.3430 . . En lisant cef exposé grave , simple et lésolu des sentí rneuts des Paraguayens, apri-s trois ans d'une guerre implacable , rimagination semble se repórter aux jours de deuil pour Lacé.lémone , alors que la mére típartiate présentait a. son fils le bou- «•lier, en lui disant : Va combatiré et re- lourne vainqueur, ou bien.....porté sur ton bouclier ! Ce n'est point une population sauvage ni barbare quecelle qui est guidée par une telle ci.nBance cu elle-méme, en ptésrMice I d'enneinis dont la puissanco et la richesse I sont, en proportion de l'étendue de leur territoire , vingt fois plus considerables (pie la puissance et la richesse des Para- guáyeos, pnisque le Brésil et la Républt- aue Arjfentine présentont 400 mille lieues e territoires contre les 20 k 25 mille du Paragnay ! Non; on lescalomníe en Ies appelant sauvages et barbares. Les Pa- raguayens t=ont des hommes comme on n'en fait plus guere de nos jonrs... Que le Brésil y réfléehisse ; nous la disons pour la troisiéme fois. Les halles de plomb ou d'or (le temps nous l'apprendra ) , qui ont brisé la vie d'un ¡Ilustre rejefon de Chnrles-Quint, au Mexique, étaient le résultat logique d'une de ees fautes qui sont plus qu'un crime ; faute que l'Angleterre expiera dans Lin- de, et que l'Espagne est en train d'expier chez elle. Mais la faute que commet le Brésil de vouloir porter sa frontiére du Sud jusqu'au Rio de la Plata , autrement que par un développem'int eommercia! et par la légiti ne influence inórale qu'il lui aurait donnóe , semblerait présager i'un de ees formidables arréts de la Providen- ce sur la destinée des empires et de leurs dynasties____Rien ne pouvait etre plus fa- tal pour la dyaastie américaine de Bra- gance que cette iunécessaire anibition. En voici les rai.sons : Le cóndor des Montagnes Roeheuses n'attend qu'un signal pour aller nicher dans 1'aire du cóndor des Andes ; voila longtcmps qu'il laeonroite. Quel moment plus propiee. que l'heure qui aura souné le glas de la monarchie brésilienne ? L'Amérique du 6ud, éti-einteau nord par une flotte ít vapeur, tout le long de l'A- mazone, jusqu'au Pérou et k la Bolivie , flotte montée par les Celto-Germains des Etats-Unis, qui ont cessé d étre Anglo- saxons, tundís qu'íi sou extrérae sud elle hébarge déja. les colons anglais des lies Ma!ou'iues, les vrais Anglo-Saxons, etaus- si sur la ferré ferme , quelle barnére op- posera t-elle á cetto double invasión, cel- le-ci resUit-elle pacifique, comme elle l'a été jusqu'ici ? Le Bréúl, devoró par l'anarohie d'une guerre de races, aprés avoir dévoré lui- ineme le peuple paraguayen , son plus puissant aftié aa/ure/'pourtant. ... ; le Rio de la Plata convulsiouné par la guerre du Paraguay et acharné contre le Brésil, de- puis que celtii-ci aurait planté son dra- peau á Montevideo , quelle résistance préseuterait l'Aniérique du Sud ainsi dó- ch'rée dans son projire sein ° Seul, le Chi-— U — H resterait entre la Cordiliére et l'Océan Pacifique, avec sa rude et puissante popu- lation pleine d'énergie ; mais que pour- rait faire un seul? Ce que fait aujourd'hui le Paraguay : se faire tner____ Ah ! qu'on ne pense pas que eeci soit un revé encoré. Ne voila—t il pas long-temps déj* que Monroe s'est éerié : « 'LAméri- que aux Américains «... Eh bien ! cette máxime, aggravée par des nmbitions He plus en plus réu*sies, a deja donné le Texas, la Californie, Saint-Tin>mas aux Etats-1 "nis, et lui proinet sous pea le Mexi- que, I'lle de Cuba et peut-étre le Cariada. Une fois maitres du littoral, dejuiis le St- Laurent, jnsqu'a Panamá (qa'ilflpossédent déjá de fíiit aujourd'hui , queüe barriere restira—t-il a franchir aux Etats Unis, pour mettre le pied et la main sur l'Arné- rique du Sud ? Sans s'occuper des petits etfaibles Etats de l'Amérique céntrale: San Salvador, Nicaragua et consorts, les floties des Ynnkees. entreront a toute va- peur dans l'Amazone, sans nul souci des Guyanes, et tout sera dit; car, avant que ees faitss'aceompli.ssent, le grand railway de 2,600 milles anglais (4,000 kiloroetres environ) unirá l'Atlantique au Pacifique, en ayant pour iribulairede son mouvement on peut diré tout l'intérieur de l'Améri- que du Nord, e'estíi-dire une superficie de buit cent miilelietifs qui aiiront pour ar- tere cet incroyable ebetnin de fer de New-York a San-Francisco... Voila 18 ans que les Etats-Unis ont commencé cette ceuvre gigantesque, et avant ¡i ou 0 ans peut ítre, eils sera achevée. Alors, la grande route de l'extreme Orient tra- versera le « ontinent du Nord de l'Amé- rique! Ce fait ¡mínense et dont la conception seule e:-t une véritable gloire, disons-le, sera pour les Etats-Unis bien plus irapor- tant, sans doute, que ne le serait pour l'Amérique du Sud l'union des affluents supérieurs de l'Amazone etde la Plat» ; aussi cette derniere entreprise deviendra pour les Yauke. s, une simple questiou de canalisation interieurc, c'est-á-dire un jeu, une distraction, des qu'ils auront poaésur les deuxOeéans le grand railway, coiume jalón principal du coniaierce . en- tre l'extreme Orient et l'extréme Occi- dent. Dans cet état, l'Atlantique deviendra une simple Mediterráneo pour l'Améri— i qae... Et l'Europe, avec ses 300 mille ' lieues de superficie, ne sera plus qu'une | des principales colonies des deux Améri- ques aux quinze cent mille lieues, réunies sous l'influence predominante des Etats- Unis. II serait grand temps, en vérité, que l'Europe voulCtt bien aviser íl ees impor- tantes questions d'un intérét universel, ftu I lien de s'absorber, sans profít et sar.s ,'