Citation: Lebrun, Valerie (2013) D’Antigone à Sappho-Didon Apostasias: Repenser l’identité tragique des filles dans la littérature des femmes au Québec. In: Quebec Women's Writing and Filmmaking International Conference, 17-18 May 2013, Institute of Modern Languages Research, University of London, Senate House. (Unpublished)
UNSPECIFIED
Abstract
Dans le roman Ça va aller de Catherine Mavrikakis, la narratrice Sappho-Didon Apostasias écrit, dans une dernière lettre qu’elle adresse à sa fille: 'Tu décideras. Ton destin, tu l’écriras dans les mots que toi-même tu auras choisis. Tu ne seras pas une héroïne dont la vie est déjà toute écrite. Tu t’inventeras. Il y aura mille façons pour toi de lutter. Tu trouveras. Làdessus, chacun doit mener son combat comme il l’entend.' Considérant l’histoire d’une certaine littérature engagée écrite par des femmes au Québec, il est difficile de ne pas entendre la charge féministe d’une telle affirmation dans l’oeuvre de Mavrikakis. En effet, cette nécessité de « décider », « d’écrire », de « choisir », de « s’inventer », de « lutter » et de « trouver » demeure, malgré le temps qui passe, le moteur même d’un grand rêve féministe. En ce sens, l’oeuvre de Mavrikakis est truffé de références à des voix de femmes importantes dans le paysage littéraire québécois. Parlant de Anne-Marie Alonzo, Nicole Brossard et Martine Audet, la narratrice de 'Ça va aller' affirme que « [c]e sont des grands écrivains. Des grands écrivains qui écrivent bien, qui écrivent grand. » S’érige dès lors non seulement un désir de filiation avec des oeuvres ayant été perçues comme radicales, mais aussi une volonté de transmettre à nouveau, et autrement, le rêve d’une communauté de filles qui sauraient imaginer de nouvelles alliances sociales. Or, ce souci de réinvestir le champ de la littérature à travers l’exercice d’une voix féminine et radicale se traduit explicitement dans le roman à partir d’une réappropriation de la figure d’Antigone. Cette communication proposera donc de montrer comment, d’Antigone à Sappho-Didon Apostasias, il est possible de repenser l’identité tragique des filles dans la littérature québécoise de manière à en dégager une vision de ce que nous souhaitons appeler le féminisme tragique. Pour saisir le futur des filles tel que les romans de Mavrikakis l’imaginent, il nous paraît toutefois nécessaire de revenir aux oeuvres fondatrices de la pensée féministe québécoise. C’est donc en écho à l’oeuvre incontournable de Louky Bersianik que nous mettrons à l’épreuve cet ideal de « faire de l’écriture un rapport amoureux, à ras-du-corps, un raccord entre le corps du passé et celui du désir d’à présent pour créer une mémoire utilisable » et d’« apprendre à devenir ce qui n’a jamais été […] ». Ainsi, l’un des objectifs de cette communication sera de faire entendre la voix novatrice de Mavrikakis dans le paysage littéraire, mais surtout de réfléchir à la portée d’une littérature à la fois tragique et radicale à l’heure actuelle.
Metadata
Creators: | Lebrun, Valerie and |
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Subjects: | Culture, Language & Literature |
Divisions: | Centre for the Study of Contemporary Women's Writing |
Dates: |
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